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Un Psy dans la ville
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Psychanalyse

Actualité de la psychanalyse, psychanalyse actuelle mais aussi fondements de la psychanalyse, sont les thèmes qui alimentent cette rubrique.

Le sens de la parole

Dans l’espace public et médiatique, particulièrement ces derniers mois, nous avons entendu des paroles contradictoires, des propos parfois excessifs, parfois mensongers, souvent émotifs, inconséquents et non réfléchis qui prennent le pas sur les paroles mesurées, les propos argumentés et explicatifs. On entend très fort ce qui fait du bruit, et pas forcément du sens. Ce qui se chuchote, se murmure ou se glisse dans les silences et les non-dits de la parole, devient particulièrement inaudible.

Nous avions écrit dans ce blog, il y a exactement deux ans, notre inquiétude que « l’espace public se vide d’une parole pleine adossée à une réflexion et une pensée » . Or, si on n’explique pas, si on se dispense de paroles circonstanciées et nuancées, le risque est d’entraîner pour les interlocuteurs incompréhension et anxiété. Comme le soulignait un internaute dans son fil Facebook ces dernières semaines «comprendre c’est déjà désobéir», et maintenir de l’ignorance n’est ni plus ni moins qu’une forme de contrôle.

Parler fait résistance et fait lien, c’est même ce qui fonde notre société.

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Le Féminin

Il semble qu’il y ait un mystère autour de ce que nous nommons « féminin ». Le féminin ne se résout pas à la féminité qui n’en serait que les attributs visibles. Il ne se résout pas non plus au sexe biologique, l’anatomie ne serait pas le destin …

Alors que recouvre ce terme : « féminin » ?

Le féminin n’est-il que le contraire du masculin ? ou sa complémentarité ? et surtout ne saurait-il se satisfaire que d’une définition empreinte de binarité ?

Depuis ses débuts, la psychanalyse a été pensée ainsi. Freud redécouvre dans les débuts du XX° siècle l’immanence de l’érotisme, il démontre et conclut que le développement psycho-affectif des enfants est de nature sexuelle et il utilise pour nommer cette nature sexuelle le terme de libido, (terme latin pouvant être traduit par besoin naturel, envie, appétence). Cependant, si Freud a l’intuition que la libido est de nature identique chez les filles et chez les garçons, il construit néanmoins sa théorie de la différenciation sexuelle sous la marque de la primauté du sexe masculin.

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Pulsion

L’essence de la vie est sensible, nos organismes vivants ont la faculté d’éprouver du plaisir et de la peine, de percevoir des sensations d’origines et de natures diverses, disposition sur laquelle les philosophes s’interrogent depuis des siècles. Mais si l’humain est vivant, tout ce qui est vivant n’est pas systématiquement humain. Quelque chose d’autre vient spécifier l’humain dans le règne du vivant, et ce quelque chose, selon la psychanalyse, pourrait être la pulsion.

Aucune loi scientifique, qu’elle soit biologique, physiologique, ou mathématique ne saura jamais rendre compte de l’intégralité de la vie humaine. A l’instar du cardinal Bellarmin qui, instruisant le procès de Galilée, admet l’héliocentrisme comme hypothèse et non comme vérité, la sagesse est de laisser place à l’immanence et au doute.

Expliquer la pulsion du point de vue de la science « dure » ne modifierait en rien la pertinence du modèle psychanalytique pour comprendre à la fois ce qu’elle est et comment elle agit, car la pulsion a trait à l’essence de l’humain, et aucune science dite dure ne peut prétendre déterminer ou modifier cette nature même de l’humain, à savoir un être qui a conscience de lui-même et qui est doté de la parole.

Mais entrons plus avant dans la description que la psychanalyse fait de la pulsion.

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Estime de Soi

Mais qui est donc ce Soi en demande d’estime ?

S’agissant de s’estimer soi-même, ou d’estimer son soi, l’estime de soi a quelque chose à voir avec l’amour pour sa propre personne, ce que l’on nomme en psychanalyse le narcissisme. Mais voilà, l’estime de soi, vulgarisée à l’excès, perd son ancrage conceptuel.

Le narcissisme est une composante de la nature humaine : c’est une énergie, vitale et sexuelle, la libido. Cette part d’énergie, investie sur la personne même, sur son Moi, est nécessaire à la vie, au même titre que l’autre part de la libido, celle qui va se diriger vers des « objets » extérieurs. Nous sommes bien loin d’un amour, ou d’une estime, conscients, de soi.

Au décours d’une psychanalyse il est tout à fait possible de rencontrer un sujet présentant une hyper estime de soi, qui cache néanmoins un narcissisme pauvre ou appauvri, et donc un conflit intérieur très énergivore. Les évidences ne sont pas toujours à prendre comme des vérités.

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Empathie

L’empathie est dans l’air du temps. Savoir être empathique, faire preuve d’empathie envers autrui : n’est-ce pas là un mot d’ordre de notre siècle ?

L’empathie est-elle autre chose que la sympathie, terme communément utilisé pour désigner la capacité de se mettre à la place de l’autre, de partager les mêmes émotions, les deux notions demeurant très proches ?

L’empathie n’est pas un sentiment mais une disposition sensorielle. C’est une perception qui peut faire éprouver la sensation d’être dans la même atmosphère, la même ambiance que le, ou les, autre(s). Le psychanalyste Ferenczi, disciple de Freud, avait introduit dès 1927 la notion de tact pour désigner cette capacité à « sentir avec ». L’empathie, comme le tact, sont une forme de perception sensorielle, une façon d’être à l’unisson de l’environnement, des circonstances, humaines et non humaines, du monde physique et vivant.

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Vision du monde

La psychanalyse prétend-elle avoir une vision du monde ?

Freud s’exprime sur le sujet dans un texte de 1932 intitulé « Sur une Weltanschauung », terme allemand décrété intraduisible, mais qui approche la notion de vision du monde. Voilà ce que Freud en dit : « Je pense donc qu’une Weltanschauung est une construction intellectuelle qui résout, de façon homogène, tous les problèmes de notre existence à partir d’une hypothèse qui commande le tout, où, par conséquent aucun problème ne reste ouvert, et où tout ce à quoi nous nous intéressons trouve sa place déterminée »[1].

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La vie ne veut pas guérir

Pour vivre, il faut pouvoir supporter un certain déséquilibre qui est inhérent à notre nature humaine.

Réjouissons-nous ! Nous pouvons espérer un malheur ordinaire en lieu et place d’un malheur plus handicapant. C’est le sens de cette citation de Lacan : « la vie ne veut pas guérir »[1]

C'est la vie !
C’est la vie !

Cessons de rêver à un état de zénitude absolu que rien ne viendrait briser. Aucune thérapie classique ou alternative n’est en mesure de vaincre (et c’est heureux) la cause même de notre malheur ordinaire. C’est ce qui fait le sel de la vie humaine et aussi le poivre !

Notre vie sur terre ne peut être un nirvâna car nous sommes dotés d’une conscience, d’un langage et d’un inconscient, fruit de leur articulation.

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« Faire avec »

Un évènement traumatique, quel que soit le moment de la vie où il se produit s’inscrit comme marque indélébile dans le corps et le psychisme de celui qu’il atteint. Même oublié, même lorsque le souvenir n’est pas présent à la conscience de l’intéressé, sa trace demeure malgré tout, l’événement traumatique continue d’agir dans le silence, et comme dans un éternel présent.

Fleurs – ©MPSD

Ainsi, comme nous l’écrivions dans notre précédent article, le temps psychique n’a que faire de la prescription : l’effacement du délit est impossible, ce qui a été vécu ne peut être annulé.

La trace du traumatisme peut faire de nous une victime à vie, position insupportable du point de vue de la vitalité. Rester cantonné dans ce statut comporte le risque de rester dans une position amoindrie et de ne pouvoir déployer toute l’énergie nécessaire à la vie. Car l’énergie va rester focalisée sur une volonté de maintenir dans l’oubli, d’éviter la réminiscence de la douleur vécue lors de l’événement en question.

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L’humanité du deuil

Un deuil c’est douloureux ! Oui bien sûr… Comment pourrait-il en être autrement ? Comment ne pas avoir mal lorsque quelqu’un qu’on aimait meurt ? Cet éprouvé douloureux qu’une personne ressent lorsqu’un de ses proches disparaît est avant tout « un savoir humain ». Etre endeuillé, et en souffrir, est le propre de l’homme.

Tenues de deuil – Belle époque

Freud nous rappelle, dans son article Deuil et mélancolie, que « le deuil est régulièrement la réaction à la perte d’une personne aimée…». En ce sens il n’est pas une maladie et nous savons bien qu’il sera surmonté après un laps de temps, qu’il est même nuisible de le perturber. Or, même si nous en connaissons les codes, le deuil ne peut manquer d’être inquiétant tant il présente des aspects sombres qui ressemblent à ceux de la mélancolie. La mort d’un proche, ou la perte de quelque chose d’important,

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La condition de sujet

La cure psychanalytique est une expérience de la parole, un lieu et un temps au cours desquels une personne vient mettre des mots sur ce qu’elle vit, mettre en mots ce qu’elle ressent. Ces mots tissent son histoire, lui permettent de se l’entendre dire, la comprendre… Et par cette expérience unique se reconnaît en celui qui parle, celui qui peut dire JE, le sujet. Elle en constitue sa singularité.

dire – © Ben

Celui, ou celle, qui a fait l’apprentissage de ce dire à la première personne, de sa parole singulière, saura penser les expériences de sa vie selon lui-même, trouver des réponses qui lui conviennent, appréhender des situations nouvelles sans crainte. Il aura accès à sa manière propre d’utiliser le langage.

Ce qui nous sert à dire les choses c’est le langage. Il est d’une certaine façon au service de notre parole, au service de notre pensée. Mais que se passe-t-il lorsque le langage prend le dessus,

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