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Un Psy dans la ville
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Société

Malaises contemporains, phénomènes sociaux, actualités sociales, qui interpellent le psychanalyste.

Ouf !!!

Pas si fou, ce pays : le danger immédiat qui menaçait notre démocratie a été écarté. Mais après le soulagement, l’inquiétude persiste.

Que n’avons-nous pas entendu, ni retenu, de la souffrance de ceux qui se sont dit près à « renverser la table », restant sourds à tout argument pragmatique et raisonné ? Qu’avons nous compris de cette violence qui passe les digues du refoulement, dans les paroles, et parfois dans les actes ?

Cet épisode de notre vie démocratique n’est pas sans évoquer le mouvement des « gilets jaunes », dans sa mise en scène de la violence et de la détresse.

Que n’entendons nous pas ?

Une souffrance individuelle qui se noue à celle d’autres ; le sentiment d’insécurité, d’invisibilité, d’être sans voix ; l’impression de ne compter pour rien dans un monde complexe qui échappe aux individus, alors qu’il prône l’individualisme. Et aussi, toujours manquer d’argent pour entrer dans la ronde de la consommation effrénée, avancée comme le seul horizon enviable et émancipateur.

Les réponses à ces souffrances et ces doléances ne sauraient rester sur le seul plan matériel et pécuniaire. Ce dont nous avons besoin, collectivement, c’est de plus de lien entre nous. Ce dont nous avons besoin, c’est de reconstruire la solidarité entre tous, apprendre ensemble à inventer comment vivre dans le monde dégradé qui est notre présent. Pour cesser de se perdre dans une vision dystopique, sans aucun moyen d’agir, un nouveau récit est à réécrire ensemble, un peu à l’instar de ces cahiers de doléances ouverts après la révolution française, mais aussi après la « crise des gilets jaunes ». Ouvrons d’autres cahiers, sortons les anciens de leurs placards, reprenons le chemin des café collectifs, des lieux de solidarité, et parlons-nous.

Cette élection montre que la victoire de Thanatos n’est pas certaine, qu’une grande partie du monde est mue par Eros, pulsion de vie et d’espoir…

Béatrice Dulck et Marie-pierre Sicard Devillard

 

Ce qui se dit dans nos cabinets

La situation politique, depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale, et la campagne électorale qui s’ensuit, ne manque pas de faire parler. Y compris dans nos cabinets, et ce, dans des proportions inédites : même la période des attentats en 2015 n’avait pas donné lieu à de telles manifestations d’anxiété, d’indignation et de colère.

Que penser de cette irruption de la vie sociétale dans le cours des cures analytiques ?

Que penser quand certains patients disent pendant les séances leur inquiétude, leur peur, de ce qui se passe dans le monde actuel, ou au contraire se retiennent d’aborder ce sujet ? Les évènements extérieurs, quand ils comportent une telle charge anxiogène, entrent par effraction dans notre intimité, se mêlent à la cure analytique. Parfois la problématique individuelle est un refuge, parfois elle s’efface sous la pression. La pratique de l’analyste ne doit-elle pas, dans ces circonstances, se centrer sur la recherche d’une mise à distance de cette extériorité angoissante et envahissante, en concordance avec la singularité de chaque patient.

La souffrance dans le rapport au monde et à l’autre, le malaise dans l’altérité, qui s’expriment dans, et à l’extérieur de nos cabinets, sont sans doute les plus profonds des malaises actuels.

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Au pays de l’enfance

Tout compte fait … Après avoir pensé que ce blog était arrivé à son terme, l’actualité politique nécessite un espace de liberté utile et salvateur.

L’impensable pour notre génération des années 80 est sur le point d’arriver. L’extrême droite risque de prendre le pouvoir par les urnes… la détestation du président Macron, sa surdité à la détresse populaire, l’effondrement de la gauche, l’absence de grands penseurs, auront des conséquences néfastes. Dans nos cabinets, la peur se fait entendre. Nous assistons impuissants à la prise de pouvoir des tenants de la régression sociale, humaine, l’absence totale de la prise en compte de l’urgence climatique.

Les votants du RN sont pour beaucoup des nostalgiques du « pays de leur enfance », ce que des radios trottoirs font entendre : « c’était mieux avant ; c’était mieux quand j’étais plus jeune, il y avait une autorité, du respect… » Ceux que l’on entend ainsi n’ont pas 80 ans mais plutôt 50 ou peut-être 60 ans. Quand ils avaient 20 ans, nous étions en 1980 ou 1990. C’est-à-dire avant les différents chocs de civilisation : l’effondrement des tours jumelles, l’accélération de la mondialisation économies, l’avènement du capitalisme ultra libéral, l’arrivée du numérique et des réseaux sociaux…

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Ambivalence

Les révélations  de situations d’emprise, d’abus sexuels, de viols, vécus pendant l’adolescence, que font aujourd’hui de nombreuses femmes, nous interrogent. Elles interrogent le et la psychanalyste sur l’ambivalence des désirs et des sentiments qui se manifeste à l’adolescence.

A quoi rêvaient ces jeunes filles lorsqu’elles se sont laissées prendre aux pièges tendus par des hommes beaucoup plus âgés qu’elles ? Des hommes qui ne se sont pas empêchés de jouer avec leurs rêves, leurs fragilités, l’ambivalence de leurs désirs, pour satisfaire à leur propre jouissance. Etre le pygmalion et jouir d’être un initiateur, un artisan de la transformation d’une jeune fille en femme, voilà qui les grisait dans leur toute-puissance et … leur perversité. Certaines s’y sont laissées prendre, d’autres non.

Pour celles qui ont repoussé les avances de ces hommes, on peut faire l’hypothèse qu’une barrière solide s’est interposée entre elles et leur prédateurs. Dans les récits que l’on écoute, ou que l’on lit, on entend universellement le malaise. La situation de l’adulte qui séduit une (ou un) adolescent(e) est toujours vécue comme bizarre, inquiétante, quelque chose cloche tant du côté du comportement de l’adulte que de celui de l’enfant. La jeune fille, le jeune homme, sont troublés par des émotions, des sentiments dont la nature leur échappe. Il faut s’en méfier en même temps qu’ils les attirent. Ce qui crée le malaise, c’est la reconnaissance, intériorisée, de la nature illicite de la situation, dont le caractère est incestueux.

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Ordre patriarcal

Le mouvement #metoo nous intéresse en tant que psychanalystes puisqu’il permet la libération de la parole des femmes concernant toutes les agressions de type sexuel ou autre type d’agressions de type sexistes.  Nous pouvons penser que ces paroles ont été accueillies dans nos cabinets auparavant, ou concomitamment, sans les rendre publiques.

Que ce passe-t-il dans nos cabinets ? Pouvons-nous penser que la cure analytique n’a pour visée pour certains qu’une meilleure adaptation au monde qui nous entoure ? En d’autres termes, permettre que les femmes en souffrance s’adaptent et acceptent la domination des hommes sans trop faire de vagues. Depuis le début de ce mouvement, on s’aperçoit que ce qui était « acceptable » ne l’est plus, du tout.

Si on lit attentivement Freud ou Lacan, il ne peut plus nous échapper que la femme est mise au rang d’objet d’échanges entre hommes, de sujet devant accepter de se soumettre à être l’objet du désir des hommes. Objet toujours. Chez Freud c’est patent. Chez Lacan, c’est plus subtil… il admet que la femme n’est pas entièrement concernée par l’ordre symbolique patriarcal mais elle y échapperait par une jouissance quasi mystique dont elle ne pourrait rien dire… et voilà le tour est joué… passez mesdames vous n’avez plus le langage pour dire.

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Colère

L’agression meurtrière de passants par un homme qui se réclamait de l’Etat Islamique déclenche, comme souvent après des actes de cette nature, un fatras de réactions dont l’indigence de certaines nous met très en colère.

Le tollé fonce sur la psychiatrie, au motif que le meurtrier avait été pris en charge, dans son histoire,  par des services psychiatriques. Quel amalgame ! La psychiatrie n’a pas vocation à soigner les idéologies. Décréter que l’islamisme est une pathologie mentale relevant de soins psychiatriques ? Trop facile ! Une manière de se mettre la tête sous l’oreiller et de ne pas voir ce que la société fait de brutal à certains, qui se réfugient dans les idéologies !

Accuser LA psychiatrie de « ratage », comme si la psychiatrie devait réussir ou rater, mais réussir ou rater quoi ? un examen ? un concours ? une mise au pas ? une normalisation ?

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Homo capitalismus

Notre monde occidental dit civilisé se délite. Nous en discourons dans ces pages tant les évènements internationaux nous interpellent. La possession et l’accumulation, qui sont le pivot des sociétés contemporaines, ont engendré de la destruction. Bernard Maris nous avait prévenu, le capitalisme a à voir avec la pulsion de mort. : nous ne le voyions pas, ne le soupçonnions pas, mais ne pouvons plus à présent l’ignorer.

Alors, brutalement, nos environnements sont vécus comme anxiogènes et la complexité du monde, en partie due à sa globalisation, nous empêche d’entrevoir des solutions rapides ou simples. Toute action, en apparence bénéfique sur l’instant, laisse entrevoir une conséquence néfaste : la voiture électrique par exemple, dont la fabrication et le recyclage seront des sources de pollution et de pénuries.

Pour certains, nous sommes un recours, une porte ouverte sur la possibilité, non de trouver des solutions au délitement de l’environnement mais de reprendre pied. Atterrir, écrivait Bruno Latour.

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Répétition mortifère

L’horreur des exactions commises par des terroristes mus par des idéologies politico-religieuses fanatiques telles que celles prônées par des organisations comme l’état islamique, Al Qaida, mais aussi le Hezbollah ou le Hamas, ne peut que nous plonger dans le désespoir… Les valeurs de l’humanisme issues du siècle des Lumières semblent si ingénues, si naïves lorsque l’on se trouve aux prises avec l’expression de la haine et de la barbarie. Freud, à l’aube de la plus terrible des répétitions mortifères, de l’extermination programmée des juifs, nous a livré des textes pertinents, sur la guerre, et sur le malaise de la civilisation, textes qui nous éclairent encore aujourd’hui.

Toutes les idéologies fanatiques ont pour trait commun la déshumanisation de leurs victimes mais aussi des sujets fanatiques eux-mêmes. Tout le travail de civilisation, qui avait contenu une telle pulsion de destruction de soi et des autres, se trouve mis en échec… Alors on ne peut que se demander quelles seraient les causes de cet échec et sur quel terreau ces idéologies prospèrent ?

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Déni et Perplexité

Le monde dans lequel nous vivons, tel que nous le connaissons, court à sa perte… les activités humaines ont engendré pour notre planète, des ravages irréversibles, qui la rendront, sans doute plus vite que prévu, invivable dans de nombreux endroits. Nous n’avons pris conscience de ces ravages que tardivement, et nombre de nos contemporains sont incrédules, quand ils ne sont pas dans le déni. Changement climatiqueCe qui nous apparait c’est la finitude de la vie terrestre, ce que les astrophysiciens savent parfaitement : la Terre n’est qu’une planète dont la durée, tout comme celle de la vie humaine, est comptée. Nous avions oublié cette évidence, voire carrément omis, et avons précipité non la fin de la Terre en tant que planète mais la fin d’une Terre vivable pour notre humanité.

La solution, si nous la trouvons, sera collective, planétaire. Paradoxalement, c’est bien collectivement que nous avons œuvré à la destruction. Mais dans un mouvement collectif qui s’ignorait, car non solidaire : il n’y a que la solidarité collective qui pourrait être la planche de salut de l’humanité.

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Chat GPT pense-t-il ?

Tant que l’Intelligence Artificielle était cantonnée à améliorer des outils technologiques, informatiques, financiers, médicaux etc…, c’est-à-dire tant qu’elle n’était pas entremêlée à des usages à portée de nous, elle ne nous apparaissait pas menaçante comme elle semble le devenir depuis peu. En effet depuis que l’intelligence artificielle s’est mise à imiter le langage humain, et à produire des outils qui fabrique un langage utilisant les codes du langage humain, rien de va plus.

C’était une chose de voir nos smartphones terminer l’écriture du mot dont nous avions tapé trois lettres, voire d’en proposer un autre à la place de celui que nous avions en tête, créant des quiproquos parfois savoureux, c’est est une autre que de voir cette invention être capable de dialogues, de conversations, de discussions.

Chat GPT ne pense pas, même ses créateurs le disent… Chat GPT ne pense pas, il met en lien toutes les informations et les données dont il est chargé. L’utilisation de termes comme « neurones profonds » ne doit pas nous égarer. Il s’agit d’une métaphore pour désigner les connexions informatiques dont Chat GPT est doté, et de la rapidité de ces connexions.

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