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Un Psy dans la ville
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Société

Malaises contemporains, phénomènes sociaux, actualités sociales, qui interpellent le psychanalyste.

Ambivalence

Les révélations  de situations d’emprise, d’abus sexuels, de viols, vécus pendant l’adolescence, que font aujourd’hui de nombreuses femmes, nous interrogent. Elles interrogent le et la psychanalyste sur l’ambivalence des désirs et des sentiments qui se manifeste à l’adolescence.

A quoi rêvaient ces jeunes filles lorsqu’elles se sont laissées prendre aux pièges tendus par des hommes beaucoup plus âgés qu’elles ? Des hommes qui ne se sont pas empêchés de jouer avec leurs rêves, leurs fragilités, l’ambivalence de leurs désirs, pour satisfaire à leur propre jouissance. Etre le pygmalion et jouir d’être un initiateur, un artisan de la transformation d’une jeune fille en femme, voilà qui les grisait dans leur toute-puissance et … leur perversité. Certaines s’y sont laissées prendre, d’autres non.

Pour celles qui ont repoussé les avances de ces hommes, on peut faire l’hypothèse qu’une barrière solide s’est interposée entre elles et leur prédateurs. Dans les récits que l’on écoute, ou que l’on lit, on entend universellement le malaise. La situation de l’adulte qui séduit une (ou un) adolescent(e) est toujours vécue comme bizarre, inquiétante, quelque chose cloche tant du côté du comportement de l’adulte que de celui de l’enfant. La jeune fille, le jeune homme, sont troublés par des émotions, des sentiments dont la nature leur échappe. Il faut s’en méfier en même temps qu’ils les attirent. Ce qui crée le malaise, c’est la reconnaissance, intériorisée, de la nature illicite de la situation, dont le caractère est incestueux.

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Ordre patriarcal

Le mouvement #metoo nous intéresse en tant que psychanalystes puisqu’il permet la libération de la parole des femmes concernant toutes les agressions de type sexuel ou autre type d’agressions de type sexistes.  Nous pouvons penser que ces paroles ont été accueillies dans nos cabinets auparavant, ou concomitamment, sans les rendre publiques.

Que ce passe-t-il dans nos cabinets ? Pouvons-nous penser que la cure analytique n’a pour visée pour certains qu’une meilleure adaptation au monde qui nous entoure ? En d’autres termes, permettre que les femmes en souffrance s’adaptent et acceptent la domination des hommes sans trop faire de vagues. Depuis le début de ce mouvement, on s’aperçoit que ce qui était « acceptable » ne l’est plus, du tout.

Si on lit attentivement Freud ou Lacan, il ne peut plus nous échapper que la femme est mise au rang d’objet d’échanges entre hommes, de sujet devant accepter de se soumettre à être l’objet du désir des hommes. Objet toujours. Chez Freud c’est patent. Chez Lacan, c’est plus subtil… il admet que la femme n’est pas entièrement concernée par l’ordre symbolique patriarcal mais elle y échapperait par une jouissance quasi mystique dont elle ne pourrait rien dire… et voilà le tour est joué… passez mesdames vous n’avez plus le langage pour dire.

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Colère

L’agression meurtrière de passants par un homme qui se réclamait de l’Etat Islamique déclenche, comme souvent après des actes de cette nature, un fatras de réactions dont l’indigence de certaines nous met très en colère.

Le tollé fonce sur la psychiatrie, au motif que le meurtrier avait été pris en charge, dans son histoire,  par des services psychiatriques. Quel amalgame ! La psychiatrie n’a pas vocation à soigner les idéologies. Décréter que l’islamisme est une pathologie mentale relevant de soins psychiatriques ? Trop facile ! Une manière de se mettre la tête sous l’oreiller et de ne pas voir ce que la société fait de brutal à certains, qui se réfugient dans les idéologies !

Accuser LA psychiatrie de « ratage », comme si la psychiatrie devait réussir ou rater, mais réussir ou rater quoi ? un examen ? un concours ? une mise au pas ? une normalisation ?

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Homo capitalismus

Notre monde occidental dit civilisé se délite. Nous en discourons dans ces pages tant les évènements internationaux nous interpellent. La possession et l’accumulation, qui sont le pivot des sociétés contemporaines, ont engendré de la destruction. Bernard Maris nous avait prévenu, le capitalisme a à voir avec la pulsion de mort. : nous ne le voyions pas, ne le soupçonnions pas, mais ne pouvons plus à présent l’ignorer.

Alors, brutalement, nos environnements sont vécus comme anxiogènes et la complexité du monde, en partie due à sa globalisation, nous empêche d’entrevoir des solutions rapides ou simples. Toute action, en apparence bénéfique sur l’instant, laisse entrevoir une conséquence néfaste : la voiture électrique par exemple, dont la fabrication et le recyclage seront des sources de pollution et de pénuries.

Pour certains, nous sommes un recours, une porte ouverte sur la possibilité, non de trouver des solutions au délitement de l’environnement mais de reprendre pied. Atterrir, écrivait Bruno Latour.

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Répétition mortifère

L’horreur des exactions commises par des terroristes mus par des idéologies politico-religieuses fanatiques telles que celles prônées par des organisations comme l’état islamique, Al Qaida, mais aussi le Hezbollah ou le Hamas, ne peut que nous plonger dans le désespoir… Les valeurs de l’humanisme issues du siècle des Lumières semblent si ingénues, si naïves lorsque l’on se trouve aux prises avec l’expression de la haine et de la barbarie. Freud, à l’aube de la plus terrible des répétitions mortifères, de l’extermination programmée des juifs, nous a livré des textes pertinents, sur la guerre, et sur le malaise de la civilisation, textes qui nous éclairent encore aujourd’hui.

Toutes les idéologies fanatiques ont pour trait commun la déshumanisation de leurs victimes mais aussi des sujets fanatiques eux-mêmes. Tout le travail de civilisation, qui avait contenu une telle pulsion de destruction de soi et des autres, se trouve mis en échec… Alors on ne peut que se demander quelles seraient les causes de cet échec et sur quel terreau ces idéologies prospèrent ?

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Déni et Perplexité

Le monde dans lequel nous vivons, tel que nous le connaissons, court à sa perte… les activités humaines ont engendré pour notre planète, des ravages irréversibles, qui la rendront, sans doute plus vite que prévu, invivable dans de nombreux endroits. Nous n’avons pris conscience de ces ravages que tardivement, et nombre de nos contemporains sont incrédules, quand ils ne sont pas dans le déni. Changement climatiqueCe qui nous apparait c’est la finitude de la vie terrestre, ce que les astrophysiciens savent parfaitement : la Terre n’est qu’une planète dont la durée, tout comme celle de la vie humaine, est comptée. Nous avions oublié cette évidence, voire carrément omis, et avons précipité non la fin de la Terre en tant que planète mais la fin d’une Terre vivable pour notre humanité.

La solution, si nous la trouvons, sera collective, planétaire. Paradoxalement, c’est bien collectivement que nous avons œuvré à la destruction. Mais dans un mouvement collectif qui s’ignorait, car non solidaire : il n’y a que la solidarité collective qui pourrait être la planche de salut de l’humanité.

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Chat GPT pense-t-il ?

Tant que l’Intelligence Artificielle était cantonnée à améliorer des outils technologiques, informatiques, financiers, médicaux etc…, c’est-à-dire tant qu’elle n’était pas entremêlée à des usages à portée de nous, elle ne nous apparaissait pas menaçante comme elle semble le devenir depuis peu. En effet depuis que l’intelligence artificielle s’est mise à imiter le langage humain, et à produire des outils qui fabrique un langage utilisant les codes du langage humain, rien de va plus.

C’était une chose de voir nos smartphones terminer l’écriture du mot dont nous avions tapé trois lettres, voire d’en proposer un autre à la place de celui que nous avions en tête, créant des quiproquos parfois savoureux, c’est est une autre que de voir cette invention être capable de dialogues, de conversations, de discussions.

Chat GPT ne pense pas, même ses créateurs le disent… Chat GPT ne pense pas, il met en lien toutes les informations et les données dont il est chargé. L’utilisation de termes comme « neurones profonds » ne doit pas nous égarer. Il s’agit d’une métaphore pour désigner les connexions informatiques dont Chat GPT est doté, et de la rapidité de ces connexions.

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L’intelligence artificielle peut-elle être humaine ?

Les progrès importants de l’Intelligence Artificielle (IA) en matière de langage mettent les chercheurs de tous les domaines en émoi. Les philosophes se saisissent des questions existentielles, métaphysiques et linguistiques posées par l’IA pour en faire, enfin pourrait-on dire, un objet philosophique. Et la psychanalyse dans tout ça ? Peut-elle, ou doit-elle, se saisir elle aussi de la question ? En quoi l’IA interroge-t-elle les psychanalystes ?

Elle les interroge d’un point de vue existentiel.

Le point de départ des informaticiens de la Silicon Valley est de reproduire l’intelligence humaine sous l’angle de la cognition, et de la dépasser ; de permettre à des machines de dépasser les capacités cognitives des cerveaux humains. Dans la poursuite de cet objectif, ils ont rapidement évacué la question de la conscience pour ne se concentrer que sur la progression technique. Très récemment, un vent d’inquiétude a soufflé lorsque les observateurs, et les concepteurs eux-mêmes, ont réalisé que la machine avait réussi à acquérir des compétences non prévues sans qu’ils sachent comment et pourquoi… L’imagination fait le reste..

L’IA est une machine apprenante… mais pour l’instant elle n’apprend que ce qui est dans ses données, les big data, qui sont son carburant, lequel carburant est alimenté par des personnes réelles. Cela peut être très bénéfique lorsqu’il s’agit de données de médicales partagées par des milliers de praticiens…confirmant la vieille sentence : on est plus intelligents à plusieurs que seul…

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Mâle et femelle

« C’est un garçon ! », « c’est une fille ! », ainsi s’expriment les humains à la naissance d’un des leurs, sitôt désigné selon le repérage anatomique qui est fait de son sexe : mâle ou femelle.

Pourrait-on échapper à cette réalité anatomique ? biologiquement non, car les caractères génétiques associés à la caractéristique sexuelle ne peuvent être modifiés : le sexe mâle est porteur des chromosomes XY et le sexe femelle, des XX. Quels que soient les aménagements futurs, un test ADN déterminera, en aveugle et de façon inchangée, l’appartenance à la catégorie biologiquement déterminée.

Pour autant, un être humain de sexe mâle va-t-il impérativement vivre comme un garçon, puis un homme, et un être humain de sexe femelle, comme une fille, puis une femme ?  Autrement dit le genre, féminin, ou masculin, est-il surdéterminé par la caractéristique anatomique ? Cette question ne peut être élaborée sans le recours à deux niveaux distincts : celui de l’anatomie, l’objectif, celui du psychisme, le subjectif, car ces deux niveaux déterminent le masculin et le féminin. Mais, si l’un, l’anatomie est une condition déterminante imparable (l’ADN d’un individu ne sera jamais modifié), l’autre, le psychique, est foncièrement labile et singulier à chaque sujet. Ce qui fait dire à la psychanalyse que tout être humain bricole pour résoudre à sa manière son rapport interne et intime au féminin et au masculin.

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Démocratie et féminin

La décision de la Cour Suprême américaine de supprimer le droit à l’avortement nous plonge, comme tant d’autres, autant dans la colère que dans l’effroi. Effroi face à la régression annoncée sur la place des femmes dans la société, que ce soit en Afghanistan, en Inde, maintenant aux USA, encore et encore les velléités de réduction du libre-arbitre des femmes, le contrôle sur leurs vies et leurs corps, persistent, voire se renforcent. L’humanité ne devrait-elle être organisée que selon cette modalité de domination de l’homme sur la femme ? Ne devrait-elle connaitre que l’ordre phallique, et patriarcal ? Quelques juges, essentiellement des hommes blancs, riches, vieux, investis d’une position de pouvoir arbitraire pour ne pas dire usurpée, nous rappellent malheureusement que cet ordre domine.

A propos de cette décision, un éditorialiste écrivait qu’elle était un signe de plus de l’affaissement de la démocratie aux USA, laquelle est mise à mal dans notre pays également. Les régimes autoritaires écrasent tout ce qui pourrait représenter le féminin et en premier lieu les femmes, alors que la démocratie occidentale contemporaine, dans la continuité du Siècle des Lumières et de la révolution française, favorise la représentation et l’expression des femmes.

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