Skip to main content
Un Psy dans la ville
Unpsydanslaville

Désir

Quand les femmes disparaissent

Les Talibans au pouvoir ont comme première action « politique » de lacérer des affiches qui représentent des visages de femmes, puis ils leur interdisent de sortir de chez elles, seules, puis  les séparent des hommes à l’Université, puis…puis….

Mais que se cache-t-il donc derrière ces actes de répression ? De la haine ? De la peur ? Est-ce vraiment des femmes en elles-mêmes dont ils ont peur ? ne serait-ce pas plutot du désir qu’elles leur inspirent, qu’elles provoquent en eux ? Ces hommes-là, les Talibans et d’autres, fuiraient leurs propres désirs, leur pulsion de vie, ce qui préside aux plus hautes aspirations humaines comme l’art, la musique, la peinture… Naguère ils avaient détruit les Boudhas de Bamian…

Nous pouvons faire l’hypothèse que la peur de leur propre désir, avant tout charnel, pourrait les détourner d’un projet sacré, religieux. Dans un grand mouvement de confusion ils tentent de supprimer chez les femmes tout mouvement, tout signe, qui susciteraient ce désir.

Lire la suite

Le consentement

Dans notre précédent article nous nous interrogions sur des relations entre mères et filles  dans le sillage du mouvement de « libération sexuelle » des années 1970. De cette interrogation, il nous apparaissait que la sexualité est restée prise dans un discours et une forme de domination masculines. Le dernier livre de la psychanalyste Clotilde Leguil « Céder n’est pas consentir »[1] nous accompagne plus avant dans l’exploration de cette question.

Ce n’est que récemment, grâce en partie au phénomène #meetoo, que la place des femmes dans la société est de nouveau interrogée en profondeur.

Avant ce qu’il est convenu d’appeler «la libération sexuelle», les femmes étaient assignées à une place majoritairement maternante et domestique, confinées à la maison. Elles ont acquis le droit fondamental de vivre et travailler comme elles l’entendent, du fait en partie de ce progrès incontestable que constitue la maitrise de la procréation. Pour autant, être à même de décider du moment de la grossesse va-t-il de pair avec un consentement « éclairé » à tous les rapports sexuels ?

Lire la suite

La vie psychique ne saurait être confinée

D’un confinement à l’autre les mobilités et immobilités s’engagent différemment. Autant la première décision de confinement nous a saisi collectivement d’un mouvement de sidération, voire d’effroi, autant cette nouvelle édition laisse de la place à la circulation, tant physique que symbolique.

Il y a là une tendance rassurante à observer non pas comme éventuel signe de velléités de désobéissance, mais davantage comme maintien de notre capacité désirante. Il en va de la nature même du désir humain, lequel ne saurait être confiné. Et même si les obligations d’enfermement contraignent tout sujet quant à l’expression et la mise en œuvre de son désir, sa vie psychique, affective, émotionnelle reste en mouvement. En son for intérieur, le sujet reste libre de ne pas céder aux injonctions.

Lire la suite

Phèdre

Dans un court texte de 1922 (1), Freud utilise comme métaphore du sexe féminin, la tête de Méduse, représentée dans la mythologie grecque avec une chevelure faite de serpents, et dont la vue frappe le spectateur d’horreur et le pétrifie. Le sexe féminin, selon les premières théories psychanalytiques, inspirerait de l’effroi car il se présenterait mutilé, châtré, en comparaison du sexe masculin. A condition bien entendu que ledit spectateur soit un homme… Mais au fond, est-ce seulement le sexe féminin qui inspire autant de crainte à l’homme ? Ne serait-ce pas plutôt le désir féminin, sa puissance, son expression même qui engendrerait l’incrédulité, voire la panique, de l’homme.

N’est-ce pas cela que vit Hippolyte lorsque sa belle-mère, Phèdre, lui avoue un désir qui les submerge tous deux, et le montre pétrifié tel le voyageur antique devant la tête de Méduse, figé devant une femme qui expose un désir insupportable à regarder.

Dans la pièce de Racine, remarquablement mise en scène par Brigitte Jacques-Wajeman (2), Phèdre se consume littéralement de désir sous nos yeux, elle met en acte la violence inouïe de son désir, en même temps que la honte provoquée par la transgression et l’immoralité de son penchant. Sans cesse aux frontières de l’extase, elle nous dévoile la dimension sacrée de la jouissance dont la seule issue est la mort. Une jouissance que l’on pourrait qualifier d’inhumaine, aux confins de l’extase mystique, qui nous entrainerait dans un au-delà de l’humanité. Proche de la folie, déraisonnable, Phèdre est humaine. Le personnage, terriblement incarné dans le corps de la comédienne nous parle de ce jusqu’au bout du désir, de ce qui ne peut être atteint, mais qui concerne tous les humains.

Racine aurait-il approché quelque-chose de la folie du désir, d’une violence qui méduse celui, ou celle, qui s’y confronte ? C’est à travers la langue que s’incarne le charnel, de cette langue qui nous vient d’ailleurs, d’un XVII° siècle qui n’était pas corseté de la même façon que le notre à l’égard du désir charnel.

La langue permet de dire et d’entendre le jusqu’au bout du désir, sa mise en acte dans le corps que prête la comédienne au personnage. La metteuse en scène dit de l’alexandrin que c’est une langue jubilante qu’elle la travaille comme une langue étrangère. Peut-être que cette langue contient, davantage que la prose, la passion, laquelle derrière la structure cadencée des 12 pieds menace à tout moment d’exploser. Quoi de plus contenant en effet que cette langue formelle, contraignante et parfois glacée, pour dire l’insupportable, le jusqu’au bout du désir ?

La pièce, magistralement servie par une mise en scène qui nous donne à entendre les vers de Racine, se déroule comme un combat pour dire ce qui va au-delà de la parole, pour révéler le charnel. On l’écoute comme en apnée, ou peut-être fascinés à notre tour comme dans le mythe grec. Et l’on y entend l’universalité du désir, cet absolu qui anime autant les femmes que les hommes.

Lire la suite