La racine du mal
De quoi parle-t-on lorsque l’on parle de « radicalisation » ? D’une maladie ; d’un syndrome d’origines diverses, psycho-sociales par exemple ; ou encore fait-on référence à des comportements déjà connus ?

Mais s’agit-il d’un mal nouveau ? n’est-ce pas plutôt l’omniprésence du mot qui en signe la nouveauté ?
La dérive des significations des mots est dangereuse, elle fait oublier ce qui est déjà connu, propulse une collectivité vers des inconnus qui sont source de peurs et l’entraine en retour vers des réflexes de crispation, de repli, voire de haine.
Si l’on fait l’hypothèse que le « radicalisé » est une personne en souffrance, en souffrance d’être, alors de quel mal souffrirait-il ?
A la racine du mal-être, du mal de vivre, se nichent le désespoir ou la haine, ou des failles profondes avec lesquelles tout sujet humain a plus ou moins maille à partir. Parfois elles sont si profondes que la rupture est radicale, l’individu coupé des autres en vient à commettre l’irréparable dans une mise en scène à la démesure de sa souffrance. Comme ce pilote qui écrasait son avion contre une montagne, dans un geste de très grande mélancolie…
Mais pour autant, la maladie psychique n’est pas la racine de toute « radicalisation » ; la haine de l’autre, l’exacerbation de la destructivité ne sauraient être simplement des symptômes d’une maladie mentale. Les gestes fous ne sont pas toujours commis par des fous. Freud l’avait compris en son temps et souligné en écrivant « Malaise dans la civilisation » au lendemain de la guerre de 14/18.