Moi d’abord ?
Une des conséquences de la révolution industrielle en Occident au tournant du XX° siècle a été de favoriser la naissance d’une civilisation centrée sur l’individu. Dans la foulée, la psychanalyse s’est également constituée autour du singulier, en œuvrant à l’éclosion d’un sujet en mesure d’exprimer la singularité d’une pensée consciente de ses freins inconscients. C’est la révolution copernicienne de Freud : le cogito de Descartes est remplacé par « là où le ça était, le « je » doit advenir ». C’est donc avec une toute autre conception du sujet que le 20ème siècle s’ouvre.
Pourtant cette civilisation est devenue un siècle plus tard hyper-individualiste. La conception du sujet nouvellement défini par la psychanalyse a été dévoyée. Elle n’est plus une conception du sujet aux prises avec la partie de son psychisme qui lui échappe mais a renforcé une conception du sujet tout puissant. Ces errements ont exacerbé le narcissisme tout en mettant à mal l’altérité. L’apport freudien n’est toujours pas accepté par la plupart parce qu’il met à mal l’illusion de toute puissance du cogito Cartésien, de la Raison, de la Volonté consciente.