Les psychanalystes deviendraient-ils réac ?
C’est la question que pose un récent article du Monde (21 mars), sous le titre « le grand divan médiatique », à propos des prises de position conservatistes de certains psychanalystes médiatiques sur les nouvelles parentalités, par lesquelles ils se font le relais d’opinions publiques vides de sens. Pourquoi la psychanalyse, se demande l’auteur, s’éloigne-t-elle de ses fondamentaux, en particulier celui d’être une pratique d’ouverture à soi, et à l’autre.
Cet article m’interpelle. Je rejoins le point de vue de l’auteur, mais, de ma place de psychanalyste, me vient une autre question. Les psychanalystes ont-ils à prendre part à un débat d’opinion au nom de la psychanalyse, là où ils n’engagent que leur point de vue personnel ? Et ce en matière d’organisation de la famille comme de toute autre question de société ?
Faire une psychanalyse est une démarche personnelle et singulière qui mène le sujet à la rencontre de sa réalité psychique, loin des dogmes et des idées toutes faites.
Chacun, quelque soit le milieu familial dans lequel il grandit, ou a grandi, se débrouille avec les moyens dont il dispose pour construire sa personnalité, s’arrange avec les images et les représentations parentales qui sont les siennes. Le psychanalyste est là pour écouter sans stigmatiser et sans juger, et permettre à son patient de déjouer les menaces qui peuvent venir ébranler sa vie psychique, quelle que soit la composition de son milieu familial.
Il faut bien faire avec ce qui est … et le faire au mieux.
Loin des tapages prestigieux et médiatisés, des psychanalystes sont également présents aux évolutions du monde. Et continuent de s’interroger, prennent en compte les mouvements de leur société, sans se crisper sur des postures figées. Ils écoutent, dans la discrétion de leurs cabinets, les interrogations de leurs patients, les mouvements du transfert, et les bruissements de l’environnement.
Marie-pierre Sicard Devillard