Les désensibilisés
La violence, celle des Dieux, de la nature, comme la violence humaine, ont de tout temps été représentées par les hommes, soit sous forme d’images fixes comme la peinture et la sculpture, soit dans le discours, avec la littérature, le théâtre. Cette fixité première des images empêchait toute confusion avec la réalité. A la fin du XIXème siècle, avec l’invention du cinéma, la projection d’images animées suscite tout d’abord un mouvement d’effroi tant elles paraissent réelles, et sèment la panique chez les spectateurs.
Les moyens techniques actuels permettent que des images soient diffusées dès l’instant de leur prise de vue, et ce à l’échelle mondiale. Et le spectateur doit se demander si ce qu’il voit est bien réel, tout en subissant une distorsion de sa perception de l’espace et du temps. La diffusion mondiale et en direct des images des attentats du 11 septembre 2001 est le point de départ d’un vacillement collectif et individuel : que nous montrent les images ? Réalité ou imaginaire ? Vrai ou faux ?