Sentiment religieux et féminin
Après les attentats de 2015, après la période de sidération qui a suivi, puis le temps des interrogations, des recherches, des publications, sont venues des interrogations sur l’amont du phénomène de la «radicalisation». Que recouvrait cette appellation généralisatrice de « jeunes radicalisés », ou plutôt, dans cette catégorie politiquement pratique, qui étaient ces jeunes au singulier.
Pourquoi certains adolescents, nés dans des familles non musulmanes, se convertissaient à l’Islam puis ensuite, parfois rapidement, quittaient le territoire et s’envolaient pour Istanbul et ensuite prenaient la route vers la Syrie.
Au travers du phénomène de conversion à une religion peut-on se demander quelle importance subjective va prendre une conversion, quelle trace l’expérience du sentiment religieux laisse-t-elle dans la « radicalisation » ? Il y aurait dans la rencontre avec le sentiment religieux et la conversion qui lui fait suite, à la fois énigme et question.
A partir d’entretiens avec des mères concernées par le départ d’un de leurs enfants pour le djihad, une recherche universitaire a vu le jour. Elle s’appuie sur les récits de ces mères, récits de ruptures dans la filiation et l’affiliation par la conversion religieuse puis le départ pour le djihad. Ces ruptures révèlent de véritables fantasmes matricides inconscients.