Ambivalence
Les révélations de situations d’emprise, d’abus sexuels, de viols, vécus pendant l’adolescence, que font aujourd’hui de nombreuses femmes, nous interrogent. Elles interrogent le et la psychanalyste sur l’ambivalence des désirs et des sentiments qui se manifeste à l’adolescence.
A quoi rêvaient ces jeunes filles lorsqu’elles se sont laissées prendre aux pièges tendus par des hommes beaucoup plus âgés qu’elles ? Des hommes qui ne se sont pas empêchés de jouer avec leurs rêves, leurs fragilités, l’ambivalence de leurs désirs, pour satisfaire à leur propre jouissance. Etre le pygmalion et jouir d’être un initiateur, un artisan de la transformation d’une jeune fille en femme, voilà qui les grisait dans leur toute-puissance et … leur perversité. Certaines s’y sont laissées prendre, d’autres non.
Pour celles qui ont repoussé les avances de ces hommes, on peut faire l’hypothèse qu’une barrière solide s’est interposée entre elles et leur prédateurs. Dans les récits que l’on écoute, ou que l’on lit, on entend universellement le malaise. La situation de l’adulte qui séduit une (ou un) adolescent(e) est toujours vécue comme bizarre, inquiétante, quelque chose cloche tant du côté du comportement de l’adulte que de celui de l’enfant. La jeune fille, le jeune homme, sont troublés par des émotions, des sentiments dont la nature leur échappe. Il faut s’en méfier en même temps qu’ils les attirent. Ce qui crée le malaise, c’est la reconnaissance, intériorisée, de la nature illicite de la situation, dont le caractère est incestueux.