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Un Psy dans la ville
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Chat GPT pense-t-il ?

Tant que l’Intelligence Artificielle était cantonnée à améliorer des outils technologiques, informatiques, financiers, médicaux etc…, c’est-à-dire tant qu’elle n’était pas entremêlée à des usages à portée de nous, elle ne nous apparaissait pas menaçante comme elle semble le devenir depuis peu. En effet depuis que l’intelligence artificielle s’est mise à imiter le langage humain, et à produire des outils qui fabrique un langage utilisant les codes du langage humain, rien de va plus.

C’était une chose de voir nos smartphones terminer l’écriture du mot dont nous avions tapé trois lettres, voire d’en proposer un autre à la place de celui que nous avions en tête, créant des quiproquos parfois savoureux, c’est est une autre que de voir cette invention être capable de dialogues, de conversations, de discussions.

Chat GPT ne pense pas, même ses créateurs le disent… Chat GPT ne pense pas, il met en lien toutes les informations et les données dont il est chargé. L’utilisation de termes comme « neurones profonds » ne doit pas nous égarer. Il s’agit d’une métaphore pour désigner les connexions informatiques dont Chat GPT est doté, et de la rapidité de ces connexions. Notre pensée n’est pas seulement le fruit de nos connexions neuronales, notre pensée a la particularité d’être arrimée à notre corps. Nous sommes des corps pensants, c’est ce qui fait la spécificité de la langue humaine, et là est, dans un certain sens, toute la découverte freudienne : Freud, médecin, a su comprendre les intrications du corps et du langage pour les êtres humains. Chat GPT a bien un langage, comme on parle du langage informatique, mais c’est un langage qui n’a rien de commun avec le langage humain même s’il peut l’imiter dans toute sa finesse et nous pousser encore un peu plus vers l’anthropomorphisme.

Le langage de Chat GPT est bluffant parce qu’il utilise par imitation les formidables possibilités de connexion entre des données entrées dans la machine, mais il ne sait pas (encore) imiter les variations, les sidérations, les modifications de la pensée sous le coup de l’émotion, de la souffrance physique, de la souffrance morale, car son moteur n’est pas la pulsion, la libido, mais la remarquable capacité de connexions entre des données. Il n’est pas doté d’instances psychiques qui peuvent entraîner un être humain à dire ou faire des choses apparemment irrationnelles, à faire de son corps le lieu de l’inscription de sa souffrance comme Freud a pu le découvrir avec l’hystérie, ou souffrir d’un raisonnement sans fin comme l’obsessionnel, ou encore avoir peur au point d’être sidéré par une araignée, par un voyage en avion etc…

Tant que ces outils de production de langage par Intelligence Artificielle sont programmés par des gens « bienveillants », on pourrait supposer que la situation ne peut déraper. Mais est-ce bien sûr ? Certainement pas. D’abord parce que ces machines semblent pouvoir « apprendre » de façon autonome et développer de nouvelles interférences hors programmation par l’homme. Ensuite parce que la bienséance des uns ne vaut pas pour d’autres, et que nous ne saurions que frémir à la pensée d’un monde façonné par la vision de seulement quelques techniciens.

Non, Chat GPT ne pense pas, ne parle pas… il nous imite dans notre capacité d’apprentissage de données… uniquement, mais il n’a pas de morale, sauf celle qui lui a été programmée, il n’a pas d’émotions, sauf celles qu’il pourrait singer, il n’a pas d’affects, sauf à ne pas être une machine. Donc il n’a pas de pensée, il n’a pas de songes, il n’a pas de rêves.

Beatrice Dulck et Marie-pierre Sicard Devillard

 

langage, penser

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