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Un Psy dans la ville
Unpsydanslaville

psychanalyse

Perversion et/ou Narcissisme ?

L’association des concepts de perversion et de narcissisme, conçue à l’origine pour penser une forme psychopathologique désignée sous le vocable pluriel de « perversions narcissiques », s’est sensiblement vulgarisée au cours des dernières années. Jusqu’à la création d’une entité indépendante en elle-même, connue comme le loup blanc : le « pervers narcissique ».

narcissisme
Narcisse – Le Caravage

Ainsi un concept devant permettre de repérer un syndrome psychique, s’est quasiment transformé en personnage dont le portrait robot s’aligne dans les pages des moteurs de recherche. Ce « pervers narcissique » fait l’objet de blogs, de livres et d’articles de magasine, il serait embusqué dans les couloirs des entreprises, les coulisses des sociétés, et jusque dans l’intimité des alcôves. Mais que recouvrent ces deux notions familières du champ lexical de la psychanalyse et de la psychiatrie ?

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Rupture

corde qui se brise

« Unpsydanslaville » s’est déplacé en février à Fès (Maroc) pour participer à un colloque international et interdisciplinaire intitulé « les nouveaux territoires de l’identité et la fabrication du radicalisme ». Ont ainsi été réunis des psychanalystes, des anthropologues, des théologiens, des sociologues qui ont pu apporter une pierre à la refléxion collective.

La rencontre du malaise des adolescents avec le malaise contemporain se traduit par une volonté, un besoin de rupture radicale. La rencontre de ces deux malaises est favorisée par des techniques très sophistiquées et efficaces d’enbrigadement. Mais la tentation de la rupture est une question qui déborde celle du radicalisme.

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Interdire

En décembre 2016, l’actualité législative française a été marquée par un étrange débat: une résolution visant à interdire la psychanalyse dans le soin des enfants autistes était soumise à l’Assemblée Nationale.

Paula Modersohn-Becker, Mädchenbildnis, 1905
Paula Modersohn-Becker, Mädchenbildnis, 1905

L’autisme est une pathologie extrêmement complexe qui prend autant de formes différentes que de personnes atteintes, et le handicap qui y est souvent associé en dépend.  Ce qui caractérise toujours  la personne autiste ou « avec autisme » est un trouble de la présence et de la relation: elle ne parvient pas à s’identifier à l’autre ni à se voir dans la relation avec les autres. Les degrés de ce trouble varient et l’interaction avec une personne autiste est plus ou moins possible, mais toujours étrange.

Depuis plusieurs décennies, les recherches tant sur la compréhension des origines de l’autisme que sur les modes de soin et d’accompagnement se multiplient et se complètent. L’incompréhension qui demeure nécessite la plus grande humilité, et à complexité de pathologie doit répondre souplesse et complexité de soin. Le pronostic dans la prise en charge des personnes avec

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Les bienfaits du chaos

L’air du temps n’est pas à l’apologie du chaos. La proximité d’événements que l’on

les bienfaits du chaos
les bienfaits du chaos

pourrait qualifier de chaotiques n’incite pas à en décrire les bienfaits. Néanmoins, si nous voulions prendre un peu de recul, nous pourrions voir dans l’injonction faite de maîtrise (de soi-même, des autres, de la nature) une cause des déchaînements chaotiques de notre monde.

Mais avant cela, revenons à nous-mêmes.

Il ne s’agit pas ici d’inciter au chaos, à la démesure, à la violence mais bien plutôt de tenter d’en comprendre une origine inconsciente. Nous pourrions voir dans l’idée du chaos une proximité avec l’état de notre inconscient : pulsionnel, débridé, amoral, insensé. Notre civilisation occidentale et particulièrement française est imprégnée de cartésianisme : nous gardons foi dans la Raison et dans la volonté de « devenir maître et possesseur de la nature. » Cependant, bien qu’étant des êtres de raison, nous sommes également des êtres déraisonnables et irrationnels. A vouloir tout maîtriser de nous-mêmes, nous renvoyons au fond de notre esprit ce qui nous dérange. En un mot : nous procédons à un refoulement.

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Avec le Temps …

En préambule, dès le titre, un bref extrait de la chanson de Léo Ferré, Avec le Temps, donne le tempo du dernier livre de Catherine Cusset : « L’autre qu’on adorait » est le récit d’un suicide annoncé. Un tel sujet pourrait rebuter. Il n’en est rien, le texte ne paraît écrit que pour témoigner de la vie et de la mort prématurée de son personnage.

Solitude - Photo Devillard
Solitude – Photo Devillard

Thomas, l’ami adoré de la narratrice et de quelques autres, est un garçon doué, drôle, charmant. Il a tout pour « réussir », comme « réussissent » autour de lui et au fil du temps ses amis de jeunesse : succès professionnels, amoureux, sociaux… Pour Thomas, très vite ça cloche, même s’il déploie une énergie sans pareille pour se maintenir dans le sillage, pour que ses talents ne soient pas recouverts par les défaites qui s’invitent malgré tous ses efforts.

Que se passe-t-il pour que cela tourne aussi mal pour Thomas ? Pourquoi ce jeune homme débordant de vitalité, intelligent, aimé et estimé, en arrive-t-il à se suicider à quarante ans ?

La réponse n’est pas littéraire ; l’écriture n’est là que

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Vous avez dit « Transfert »…

Pour qui s’interroge sur l’opportunité de consulter un psy et d’entreprendre une psy quelque-chose, risque de venir se faufiler un terme qui à première vue n’aurait pas grand chose à faire dans cette affaire : le transfert.

transfert en psychanalyse
Transfert – © web

Qu’est-ce au juste que le transfert dans une psychanalyse ?

Il s’agit effectivement d’une histoire de transport, de mouvement, de circulation et de flux. Mais ce qui est transporté dans l’espace de la relation thérapeutique est d’ordre immatériel, et surtout d’ordre psychique : il s’agit de conduites, d’attitudes et d’affects déjà en place chez son propriétaire et lui étant spécifiques.

La caractéristique essentielle de ces phénomènes importés est d’appartenir à la sphère inconsciente des protagonistes. Aussi s’invitent-ils dans le processus relationnel sans y être forcément conviés et peuvent-ils le déranger, le perturber, voire le détruire.

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Virtuelophobie

Monsieur le Responsable Commercial,

virtuelophobie
Casque de réalité virtuelle en action

J’ai bien reçu votre courrier m’informant que « les thérapies par exposition à la réalité virtuelle sont enfin accessibles aux professionnels de la santé mentale », courrier par lequel vous m’invitez à m’équiper pour 100 euros HT par mois d’un casque de réalité virtuelle « solution thérapeutique permettant d’exposer graduellement les patients face à leurs phobies, en les immergeant dans des environnements anxiogènes ».

J’ai été à la fois surprise et amusée de recevoir votre proposition qui se situe à l’exact opposé de mon approche thérapeutique.

Je reçois des personnes qui viennent me parler de leur difficulté à vivre. Cette difficulté peut en effet parfois prendre la forme d’une phobie ou d’une angoisse, ou les deux, mais pas toujours. La phobie ou l’angoisse sont en revanche toujours l’expression, la manifestation de cette difficulté, ce par quoi elle émerge.

Or, vous me proposez de répondre à la demande du patient, non pas en l’invitant à parler, mais en lui demandant d’enfiler un casque de réalité virtuelle. Je n’aurai ainsi

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Ecrire une psychanalyse ?

Que peut-on dire d’une psychanalyse, lorsqu’on en a fait l’expérience ? Peut-on la transmettre, restituer le vécu d’une cure, témoigner de ce qu’est la psychanalyse in vivo ?

Et surtout, peut-on l’écrire ?

Ecrire - Photo MPSD
Ecrire – Photo MPSD

Ceux qui s’y sont essayé, écrivains, psychanalystes, ont-ils réussi à rendre compte de ce processus si particulier, qui les a entrainés dans une relation à la fois intime et toujours distante avec cette personne devenue familière tout en restant totalement étrangère : leur psychanalyste ? Ces écrits ont-ils permis à ceux qui ignorent les subtilités d’une cure analytique, tout en étant tentés par l’aventure, de se faire une idée plus précise du processus dans lequel ils vont s’engager ?

Ecrire la psychanalyse est une aventure à risque, celui de dévoiler trop d’intimité comme celui de rester totalement abstrait ; ou encore celui de n’écrire qu’un roman de genre autobiographique.

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Debout !

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Un murmure bruisse dans l’air du temps. Il devient insistant : l’horizontalité plutôt que la verticalité. Le mouvement « NuitDebout » en est un exemple : « Debout !» mais avec l’envie d’être avec les autres, en liens.

L’horizontalité, ça nous connaît, nous analystes. Il nous arrive souvent de proposer à ceux qui viennent nous voir de s’allonger pour parler. Ce n’est pas chose facile d’accepter de « se coucher ». Et pourquoi le faire ?

Nous savons par expérience, que s’allonger sur le divan, c’est retrouver ou trouver un espace-temps, dans la solitude de son for intérieur. Tout le monde ne peut pas ou ne veut pas s’y soumettre ; se soumettre à la proposition de laisser son esprit se détacher d’une certaine maîtrise de la raison, en présence d’un autre.

Il ne s’agit pas de méditer, allongé sur le divan. Il s’agit de parler, de trouver des mots pour dire ce qui ne trouve pas à se dire. Ces mots ont une adresse invisible : l’analyste présent est attentif à ce qui se dit ou aux silences, car dans ces creux, ces mots, se loge l’inconscient.

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Unpsydanslaville s’engage contre la cyberviolence

Nous sommes intervenues le 7 avril dernier dans un collège sur le thème de la violence sur les réseaux sociaux. Nous avions été invitées par l’organisation « Respect Zone » dont l’objet est la lutte contre la cyberviolence.

Les organisateurs avaient choisi de faire intervenir un professeur de philosophie et des psychanalystes.

Nous pouvons faire deux constats :

  • La psychanalyse est une référence théorique pour la compréhension des mouvements propres à l’adolescence et à la haine.
  • La haine est « re-devenue » un sujet d’actualité et nous ne serons jamais trop nombreux à tenter de lui faire barrage.

L’enjeu a été de transmettre à des adolescents de classe de 3° un message explicite sur leurs difficultés : nous avons forgé ce message à partir notre connaissance théorico-clinique de la psychanalyse. A leurs applaudissements, nous avons entendu qu’il était passé.