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Un Psy dans la ville
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Debout !

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Un murmure bruisse dans l’air du temps. Il devient insistant : l’horizontalité plutôt que la verticalité. Le mouvement « NuitDebout » en est un exemple : « Debout !» mais avec l’envie d’être avec les autres, en liens.

L’horizontalité, ça nous connaît, nous analystes. Il nous arrive souvent de proposer à ceux qui viennent nous voir de s’allonger pour parler. Ce n’est pas chose facile d’accepter de « se coucher ». Et pourquoi le faire ?

Nous savons par expérience, que s’allonger sur le divan, c’est retrouver ou trouver un espace-temps, dans la solitude de son for intérieur. Tout le monde ne peut pas ou ne veut pas s’y soumettre ; se soumettre à la proposition de laisser son esprit se détacher d’une certaine maîtrise de la raison, en présence d’un autre.

Il ne s’agit pas de méditer, allongé sur le divan. Il s’agit de parler, de trouver des mots pour dire ce qui ne trouve pas à se dire. Ces mots ont une adresse invisible : l’analyste présent est attentif à ce qui se dit ou aux silences, car dans ces creux, ces mots, se loge l’inconscient.

C’est en celà que cette proposition du divan se distingue radicalement des autres techniques de la parole ou du silence intérieur.

Elle s’inscrit dans un lien à l’autre, très particulier, très spécifique que nous nommons le transfert.

Ce que propose la psychanalyse, c’est d’accèder à des couches profondes de son être par une répétition de la nature des liens qui nouent, qui asphixient. Petit à petit, par la présence de l’autre qui écoute, par l’écoute de sa propre voix, ces liens qui étouffent se desserrent. Ils se desserrent et permettent la création d’autres liens, plus vivants, plus actuels.

La psychanalyse propose de se libérer de liens affectifs anciens qui gêne l’expression de soi, qui empêche de découvrir, d’exprimer sa propre créativité au monde.

Elle permet d’accéder à la connaissance de son fonctionnement psychique et plus particulièrement de son rapport aux autres. Elle ne propose rien d’autre. Elle ne propose pas une vision du monde, elle laisse chacun libre de son chemin. Mais elle n’est pas non plus un hymne à l’individualisme forcené, « au chacun pour soi ».

La découverte de ses propres limites, de ses entraves intimes et inconscientes peut renforcer le sentiment, la conscience intime d’une humanité partagée.

Elle permet un lien aux autres, plus fraternel ; une fraternité dégagée de la gangue de la haine. La haine des autres a sa source inconsciente dans la haine de soi.

L’horizontalité de la position sur le divan facilite une descente en soi sans être sous le regard d’un autre mais en sa présence. Il n’est question dans une analyse que de soi dans ses rapports aux autres. Il s’agit d’explorer un continent intime qui échappait jusqu’alors et faisait souffrir. La souffrance d’être soi engendre la souffrance d’être avec les autres. Elle détériore les liens.

Abdennour Bidar, philosophe, a publié récemment un livre intitulé «  Les Tisserands ».

Il nomme ainsi tous ceux qui s’insurgent contre ce qui délie et qui (chacun de leur côté) repensent le monde en terme de liens : de lien à soi, de lien aux autres, de lien à la nature.

La psychanalyse permet le travail du lien à soi par la découverte des liens inconscients qui aliènent, dans la répétition qui s’opère dans le transfert. Elle se différencie par là-même d’autres techniques et ne promet rien d’autre que la meilleure connaissance de soi-même, ce qui est un pas indispensable pour se relier aux autres.

Etre allongé pour ensuite être Debout avec les autres dans un élan créateur vital.

Béatrice Dulck

divan, inconscient, psychanalyse

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