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Un Psy dans la ville
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Place au féminin

Le 10 avril dernier une quinzaine de femmes, écrivaines, scientifiques, philosophes, et autres, de différentes nationalités européennes, publiaient dans le journal Le Monde une tribune en forme de lettre ouverte aux gouvernants et gouvernements d’Europe. C’était un appel, ou plutôt une exigence, de laisser enfin la place à des valeurs de solidarité, de responsabilité partagée, et d’humanisme. Elles rappellent qu’il est indispensable de mettre la personne au centre de la vie publique, de faire en sorte que l’économie soit au service des personnes, et non l’inverse. « Il faut remettre d’urgence la personne humaine au centre du logiciel », nous dit la psychanalyste Julia Kristeva dans une interview sur une chaîne de télévision.

Verra-t-on enfin la revanche du Care,  c’est-à-dire d’une société de l’empathie, qui prenne en compte les autres, qui développe l’attention aux autres, non pas comme un énième produit marchand, ou un truc de dames patronnesses, mais comme un principe de vie ensemble. Le care est une éthique de la responsabilité. La première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern  dans son discours au parlement actant la mise en œuvre d’un confinement strict, invite les gens à prendre soin les uns des autres : « soyez forts, soyez bons, et tout ira bien ». Cette parole est révélatrice d’une autre logique que celle de la soumission à un ordre, à un pouvoir autoritaire qui en appelle trop souvent à la peur. C’est une parole qui mise sur la responsabilité de chacun.

L’émergence d’un nouveau virus dont on ne sait rien ou peu de chose a mis l’humanité et le monde à terre. Il nous montre notre fragilité et le peu de « soin » que nous avons pris pour la planète qui nous héberge et le peu de « soin » que nous prenons pour nos congénères. Nous faisons appel à l’Etat providence, comme à un bon père de famille, qui nous protège. Mais ne pourrions-nous pas envisager le monde et l’humanité au travers d’un regard plus féminin et moins patriarcal ? Ce n’est chose aisée ni pour les hommes ni même pour les femmes. L’éthique du care se rapporte au féminin en ce qu’il privilégie les rapports aux autres et à soi-même plus que les rapports à l’autorité. Ce n’est pas seulement une question de femmes mais de féminin universel à l’œuvre. Freud nous a enseigné la bisexualité psychique fondamentale : l’être humain est  psychiquement  féminin et masculin. Le féminin appartient aussi aux hommes qui sont en capacité de le développer.

Il appartient autant aux femmes qu’aux hommes de poser des actes concrets à partir desquels tous pourront casser les logiques actuelles, individualistes, dominées par le pouvoir et la crainte et réintroduire du féminin dans la vie. Comme le déclare Julia Kristeva : « Mettre en place une sensibilité pratique est la condition de la survie psychique de l’humanité. »

Béatrice Dulck et Marie-pierre Sicard Devillard

féminin, humanisme

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