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Un Psy dans la ville
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La psychiatrie en danger ?

Des hôpitaux psychiatriques sont en grève depuis plusieurs semaines maintenant. Des voix s’élèvent pour alerter les pouvoirs publics de l’état calamiteux dans lequel se trouve la psychiatrie : pas de moyens dans les hôpitaux, pénurie dans le secteur privé.

Qui connaît un peu la pratique hospitalière en psychiatrie ne peut qu’approuver cette alerte nécessaire et urgente tant la situation est dégradée. Cependant, au nom de quoi engager la lutte ? Au nom du manque de moyens, certainement. Au nom d’autres considérations qui relancent le vieux débat organiciste ? ce serait dommage.

Considérer la maladie mentale exclusivement comme une maladie somatique  peut laisser ..sans voix au 21èmesiècle. Énoncer que la psychiatrie doit rentrer dans le giron de la médecine et considérer la psychiatrie comme une médecine somatique avant tout est visiblement le credo à la fois de certains psychiatres[1]et du Ministère de la Santé.

La « maladie » mentale n’est pas tout à fait une maladie comme les autres. Dire que la dépression est une « maladie mentale » au même titre que d’autres  maladies psychiatriques  est un raccourci dangereux et dans l’esprit de notre temps converti à la Scientificité de toute chose.

Les infirmiers psychiatriques déplorent à juste titre leurs conditions de travail. A bien les écouter, on entend qu’ils déplorent ne pas avoir de temps pour…parler avec les patients. Ils déplorent que leur fonction soit réduite à la distribution de médicaments et aux soins somatiques. Les jeunes psychiatres ont été dans leur grande majorité formés au DSM et donc aux prescriptions de médicaments. Ils ont à leur disposition des listes hétéroclites de symptômes divers et au bout une prescription.

Alors oui la psychiatrie est en danger, il lui faut des moyens mais il lui faut aussi résister aux simplifications et aux sirènes de la science pharmaceutique. Non ! la « maladie mentale » n’est pas une maladie comme les autres…nous le savons depuis l’Antiquité… ne l’oublions pas, ne réduisons pas notre complexité et notre spécificité humaine à des questions de chimie, de connexions neuronales. Il ne s’agit pas de réfuter les avancées scientifiques mais de souhaiter une approche globale des pathologies mentales : inconscient et neurosciences ne sont pas à opposer.

Nous sommes des êtres parlants et la parole a des effets sur notre corps…Bien des psychiatres le savent aussi…

Béatrice Dulck

 

[1]FondaMental : Fondation soutenant la recherche dans le domaine des troubles psychiatriques.

www.fondamental.org

folie

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