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Un Psy dans la ville
Unpsydanslaville

A l’orée…

La France se déconfine… en partie. L’espace et le temps se décontractent..; Nous respirons, les visages sont enjoués, malgré le masque on devine des sourires.

Pourtant, l’intranquilité reste présente, comme une rumeur intérieure qui ronge, une inquiétude qui persiste. Dans les premiers temps du confinement, le temps s’est suspendu. L’interruption brutale, immédiate et sans préparation de toutes nos activités a saisi chacun là où il en était du cours de sa vie. Cela a pu procurer pour certains un apaisement soudain, la fin de relations sociales obligées, parfois toxiques, et un retour salutaire à l’essentiel. Pour d’autres, la clôture et l’enfermement, agissent comme des traumatismes en creux, l’absence d’extériorité a au contraire provoqué une sensation de rétrécissement de la vie. Pour tant d’autres, muets, silencieux, dont les conditions matérielles d’existence sont précaires, le confinement s’est avéré dramatique.

Mais pour tous ceux qui ont pu mettre à profit cette période pour commencer à penser ce qui arrive et mettre en œuvre une ébauche d’élaboration, s’est subrepticement glissé l’espoir d’un «monde d’après» qui ne pourrait être que différent. Car la conscience que le «monde d’avant» ne peut plus durer semble partagée par le plus grand nombre, et le virus est apparu comme un avertissement à notre «Hubris» : nous ne pouvions plus vivre dans cette course folle au profit, dans cet accroissement constant des inégalités, tel un bolide dévalant la pente à toute vitesse et que l’on ne peut arrêter.

Une rumeur montait, nous avions pris conscience collectivement de l’essentiel…le superflu auquel nous n’avions plus accès était bien superflu… retour à l’essentiel.

Cependant, avec la reprise progressive et mesurée des principales activités humaines et sociales c’est malheureusement l’idée que tout doit revenir à sa place, tout doit reprendre « comme avant », qui s’impose. De la même façon que nous avons « oublié » l’épisode de la grippe espagnole, nous voudrions oublier cette épidémie. Cela résiste, au sens psychanalytique.

Les gouvernants semblent ne plus rien vouloir savoir de l’espoir de changement et résistent eux-mêmes à ce qui a émergé dans les toutes premières heures de la crise sanitaire. Pourtant l’opportunité qui s’est présentée avait bel et bien un effet de « vérité ». Une vérité inconsciente qui émerge à la conscience, qui se révèle soudain parce que, à la faveur de l’évènement sans précédent un voile se lève sur nos cécités collectives. Mais, comme bien souvent s’agissant de la psyché humaine, vient le refoulement, puis la résistance. Où se niche notre désir de changement face à la vérité qui dérange ? Trop dérangeante, cette vérité provoque la résistance, car ce sont de nos conditions d’habitabilité sur la planète dont il est question. Les humains doivent repenser leur monde et leur manière de vivre sur leur terre. Ils ne peuvent plus céder sur l’écologie, le partage des ressources ; ils ont à inventer d’autres modèles de production, de consommation et de répartition que le seul profit et céder sur la folie de l’argent comme seule boussole ; et les hommes ne peuvent plus ignorer la seconde moitié de l’humanité et doivent faire place aux femmes.

Sommes-nous à l’orée ?…

Béatrice Dulck et Marie-pierre Sicard Devillard

changement, refoulement, résistance

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