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Un Psy dans la ville
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mort

La vie, après…

Nous avions perdu la mémoire de la peste et du choléra. Dans l’intimité de nos corps, celle-ci vient de se rappeler à nous, venue du fond des âges, d’un passé que nous avions cru révolu à jamais. La pandémie nous rappelle que l’humanité n’est sans doute pas éternelle et que son occupation de la planète Terre est temporaire. Nous avons été pris dans une forme d’


hallucination collective négative qui nous a fait oublier le caractère mortel et transitoire de notre condition humaine. Si ce virus est capable de nous faire recouvrer cette mémoire, alors son passage aura des effets puissants, en particulier celui de nous rendre à l’humilité, et à l’humanité.

L’humanité est aux prises avec le vivant, non pas en guerre, mais en lutte pour sa survie. Ce qui est mobilisé dans ce combat est la pulsion de vie, celle que Freud a nommée en premier comme pulsion d’auto-conservation (de l’espèce humaine). L’angoisse devant la pandémie n’est ni plus ni moins qu’une angoisse devant le risque de disparition de notre espèce. Il ne fait plus de doute qu’elle est menacée durablement et gravement par les effets délétères des dégradations de l’environnement. Il y a à cet endroit-là un formidable déni.

Comment en effet penser que nous serions responsables collectivement de notre propre disparition, si ce n’est en convoquant une nouvelle fois ce que la psychanalyse, avec Freud, a conceptualisé sous le terme de pulsion de mort. 

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L’humanité du deuil

Un deuil c’est douloureux ! Oui bien sûr… Comment pourrait-il en être autrement ? Comment ne pas avoir mal lorsque quelqu’un qu’on aimait meurt ? Cet éprouvé douloureux qu’une personne ressent lorsqu’un de ses proches disparaît est avant tout « un savoir humain ». Etre endeuillé, et en souffrir, est le propre de l’homme.

Tenues de deuil – Belle époque

Freud nous rappelle, dans son article Deuil et mélancolie, que « le deuil est régulièrement la réaction à la perte d’une personne aimée…». En ce sens il n’est pas une maladie et nous savons bien qu’il sera surmonté après un laps de temps, qu’il est même nuisible de le perturber. Or, même si nous en connaissons les codes, le deuil ne peut manquer d’être inquiétant tant il présente des aspects sombres qui ressemblent à ceux de la mélancolie. La mort d’un proche, ou la perte de quelque chose d’important,

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Désolation !

Désolation !

Un jeune homme plongé dans un coma profond à la suite d’un accident de la route a été l’objet d’une « expérience » récente. « Grâce » à la stimulation de son nerf vague pendant très d’un mois, situé au plus profond de son cerveau, il a réagi à ces impulsions électriques.
A la diffusion d’ une musique qu’il aimait, ses parents ont vu une larme couler de ses yeux.

larme et désolation
Larmes-Man Ray-1930

L’expérience a cessé au bout d’un mois et l’histoire ne dit pas ce qu’est devenu ce jeune homme. Sans doute a-t-il plongé de noveau dans un coma profond.
Que la recherche scientifique fasse des progrès énormes ne laisse aucun doute, que l’enthousiasme des découvertes et avancées incitent les chercheurs à procéder à des expérimentations est une bonne chose.

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Cécités

La singularité du film de Gianfranco Rosi, « Fuocoammare, par-delà Lampedusa », consiste en sa dichotomie entre d’une part la vie quotidienne de Samuele, un garçon de douze ans habitant de Lampedusa, et d’autre part le sort des migrants repêchés au large de l’île dans une situation d’extrême urgence.

cécités
Clair de lune – 2016 © MPSD

Tandis que Samuele vit sa vie d’enfant, avec une nette prédilection pour les jeux terrestres, les migrants affluent. Nous est donné à voir jusqu’à l’intolérable : la cale d’une embarcation de fortune remplie de quarante cadavres, véritable charnier flottant. Nous sont donnés à entendre les récits des survivants qui décrivent un voyage jusqu’au bout de la souffrance. On assiste à leur dévastation, ainsi qu’à celle du médecin contraint dans l’exercice de ses fonctions d’aller récupérer les morts, voire de découper des morceaux de corps – « parce que c’est utile, alors il faut le faire, même si c’est une ultime marque d’irrespect. »

A l’opposé de ces destins tragiques, la vie ordinaire de Samuele. Jusqu’au jour où ce dernier est diagnostiqué amblyope : il a un œil paresseux, ce qui

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Splendeur et misère de la cool attitude

CastafioreNous ne sommes pas les premiers à le dire : la tyrannie du bonheur sévit. L’euphorie perpétuelle empêche les âmes de s’adonner à leur plaisir favori : l’égarement. La course aux objets de consommation, ou pour le dire moins poliment, la fringale de cool toys, empêche l’inclinaison mélancolique.

Le cool toy, qu’est-ce que c’est ? C’est tout ce qui rend la vie plus simple, plus sexy, plus sympa, et qui l’évide de sa substance complexe, souffrante, mortifiante. Des siècles de littérature romanesque sont ainsi court-circuités par quelques mots-clés sur une application, par un smiley sourire sur un réseau social, par un tweet laconique, voire lapidaire. Tout se passe comme si nos inconscients avaient délibérément opté pour une simplification du monde, dans un renoncement face à l’abysse de l’énigme humaine. – Allo, le monde ? Je me suis tapé douze ans d’analyse, je ne vais toujours pas mieux. Donc, aujourd’hui, exit ma psy mutique qui tripotait son collier de perles derrière moi ! Je veux de la TCC, de la bonne, de la vraie ! Je veux du conseil pour plus flipper le soir quand je rentre en scooter d’Argenteuil. Je veux du coaching pour apprendre à pas chialer comme une madeleine quand je vais au ciné voir le dernier Di Caprio. Et, dans l’idéal, je voudrais faire un gosse avant quarante ans si mon agenda book me le permet.

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