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Un Psy dans la ville
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Vous avez dit complot ?

Les médias ont posé des contre-feux importants à la diffusion du «documentaire» Holp Up. L’existence d’un puissant mouvement souterrain de « défiance » généralisée est présent depuis de nombreuses années dans nos sociétés occidentales, pas seulement française. Les recruteurs de Daesh, il y a presque 10 ans maintenant, ont diffusé massivement des vidéos complotistes mettant en cause notamment les laboratoires pharmaceutiques et la volonté des « puissants », des « mécréants » de nous empoisonner. Ces théories complotistes mettent à mal le lien aux autres et modifient ainsi la manière d’être au monde de beaucoup de personnes. Les théories du complot somment de ne pas faire confiance.  Mais ne pas avoir confiance et ne pas faire confiance aux autres, à la science, à l’assurance que nos pieds seront bien portés par le sol qui nous soutient, que la terre est ronde et tourne autour du soleil, met le sujet aux prises avec une incertitude généralisée concernant son appréhension de la réalité.

Nous avons besoin de garantie même s’il s’agit d’une fiction. Nous ne pouvons pas à nous seul démontrer que la terre est ronde et tourne autour du soleil ; nous avons dû  faire confiance à nos professeurs qui nous l’enseignaient. Nous devons avoir confiance dans la perception commune de la réalité, même si elle est complexe et toujours en mouvement. La recherche en mécanique quantique bouleverse nos certitudes et nos lois de physique mais ne bouleverse pas notre confiance dans notre capacité à comprendre de mieux en mieux le monde dans lequel nous sommes. La complexité du monde ne doit pas nous faire douter de tout sinon l’incertitude inhérente à la vie humaine s’amplifie et se généralise à la totalité du monde perçu. Le doute comme moteur de la réflexion devient un doute angoissant et inhibiteur de toute réflexion.

Toute parole, scientifique, médiatique, publique, devient mensongère : « on nous ment ». Ce « on » est indéterminé. Il vient prendre la place de celui qui est censé savoir la vérité même si c’est une fiction. Nous avons besoin de cette fiction sinon il n’y a plus de garantie et les liens se délitent.  Ce « on » qui sait, ment. Dieu (en place de savoir et de Vérité) nous ment… Chacun est renvoyé à un non-sens existentiel. Certains peuvent assumer ce non-sens existentiel en le sublimant, d’autres vont aller à la recherche d’une Vérité alternative, d’un sol qui ne se déroberait pas, « tout et n’importe quoi » plutôt que rien.

Notre planète est une planète qui a vu se développer la vie, sous toutes ses formes, y compris sous forme de virus… La vie est tragique et nous sommes vulnérables puisque nous pouvons mourir d’un virus ou de beaucoup d’autres causes. Comprendre pourquoi tel ou tel sera frappé d’un virus ou d’une autre maladie, ou sera percuté par un chauffard, ou mourra tranquillement dans son lit après une vie heureuse, n’a pas de sens. Ça n’a pas de sens, a priori… c’est tout.  On a à faire avec, toute sa vie. Mais quitte à vivre alors ayons confiance, faisons confiance à notre capacité collective de sauvegarder la vie sur Terre, avec les imperfections humaines qui comprennent le mensonge parfois mais aussi avec ce fort instinct de vie qui nous permet individuellement et collectivement de sublimer, d’inventer, de créer… Prenons le risque de vivre ensemble même si on en doute, même si c’est incertain, complexe.

Béatrice Dulck

 

confiance

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