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Un Psy dans la ville
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Il était une fois

La Recherche du Temps perdu - © MPSD
La Recherche du Temps perdu – © MPSD

Au cours d’une psychanalyse, une large part du temps des séances est consacré à une remémoration de faits, d’impressions, de scènes, appartenant au passé. Souvent ils ont été oubliés. Mais la méthode analytique, issue de la vieille méthode de l’hypnose, consiste à les faire revenir à l’esprit.

Se souvenir est un des aspects fondamentaux du processus analytique. Freud le découvre lorsqu’il invite ses premières patientes hystériques à raconter l’histoire de leur douleur, le roman d’un corps souffrant sur lequel aucun médecin n’a pu poser de diagnostic. La douleur organique se révèle attachée à un événement du passé. Le corps parle et le sujet met des mots sur ses maux. Alors les mots soulagent, guérissent…

Pour que le processus analytique ait un effet opérant sur le narrateur, il ne suffit pas que ce dernier se souvienne, il importe que ses souvenirs constituent la trame d’un récit. A l’instar du roman, le récit de l’analysant est une mise en perspective, parfois une mise en abyme, de ces éléments remémorés. Le récit est un fil directeur le long duquel l’analyste voyage comme il voyagerait dans un pays étranger. Le récit est nécessaire à l’analyste, pour entendre le discours de son patient et le lire comme un texte codé.

Parfois la cure analytique s’éternise dans la narration, se perd dans un empilement de faits et d’anecdotes racontés sans qu’aucune histoire ne s’esquisse. Il est un temps au cours duquel le discours reste indéchiffrable. Puis lui succède un temps où ce discours dévoile une histoire, celle du sujet qui la raconte.

Ce qui va rendre possible ce passage, c’est d’abord la capacité de l’analyste à accueillir cette personne dont il fait la rencontre et à entrer dans le pays où il n’est pas encore invité à voyager.

Du fait de cette rencontre, l’image se met en mouvement, la pellicule s’anime, le « figé » se mobilise et se dessine un paysage singulier. Et vient, avec le travail de la mémoire, le récit, que l’analyste peut entendre et auquel il peut donner du sens.

La naissance de la psychanalyse est contemporaine de l’œuvre de Marcel Proust, autre grand explorateur de la mémoire. Il a déployé cette mémoire en un récit unique, tableau vivant, mouvant, parfois photographique, où le passé et le présent du narrateur se mêlent en permanence.

Mémoire dont le psychanalyste peut se faire à la fois le dépositaire et le découvreur, et qui impressionne le présent. Mémoire qui demeure toujours actuelle, vivante, en mouvement, parce qu’elle prend naturellement place dans notre pensée et nous accompagne dans notre lecture du monde contemporain.

Marie-pierre Sicard Devillard

mémoire, remémoration

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