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Un Psy dans la ville
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Tenir sa langue

« Tenir sa langue » s’entend comme une injonction à se taire : retenir sa langue dans la bouche et n’émettre aucun son. Mais tenir sa langue, dans le récit éponyme de Polina Panassenko, c’est tenir à sa langue, la soutenir, la maintenir et l’entretenir.

Prenant comme point de départ la démarche judiciaire pour retrouver son prénom russe, Polina, francisé en Pauline au moment où lui fut attribuée la nationalité française, l’auteure explore avec humour le passage d’une langue à une autre, l’apprentissage de deux langues, celle du dedans et celle du dehors, celle de l’intime et celle du social. Et cette exploration commence à hauteur d’enfant, lorsque, fillette de cinq ans, elle est « lâchée » dans la cour d’une école maternelle qui n’est pas celle de sa langue, maternelle justement. La mère s’en va, laisse l’enfant : « quand je me retourne elle a disparu.  En ce même instant tous les mots disparaissent. » Dès lors il n’y a que des sons. Polina Panassenko narre avec humour et néanmoins sensibilité son apprentissage du tissage des sons avec les mots qu’ils signifient. La puissance de ce livre tient pour une grande part à la faculté de revenir à l’expérience de l’enfant qui apprend à parler. Expérience oubliée pour la plupart d’entre nous, qui n’avons pas eu affaire à la nécessité d’un bi-linguisme, mais expérience forcément vécue car universelle.

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