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Un Psy dans la ville
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inconscient

Pas de recette pour se connaître

A l’occasion du Salon du livre, qui a fermé récemment ses portes, une enquête sur la lecture en France, et sur les achats de livres par catégories a mis en évidence une forte progression des ventes d’ouvrages de développement personnel et de psychologie. Cette progression nous interroge.

L’étude du sociologue Nicolas Marquis[1] sur les lecteurs de livres de développement personnel est intéressante à plus d’un titre. En deça de la simplicité des propos tenus dans ces ouvrages, ce qui accroche le lecteur est qu’ils lui parlent de lui : tous se reconnaissent, chacun peut puiser des pistes pour lui-même et se dire « c’est tout à fait moi », « cela me correspond tout à fait ». Etre nommé par autrui, se reconnaitre dans un quelconque inventaire à la Prévert de symptômes et conmportements, présente sans aucun doute des aspects réconfortants en suggérant et assurant qu’à tel ou tel malaise, sentiment, affect, des réponses existent.

En outre ces livres prônent la responsablité de chacun, la possibilité de s’en sortir seul, se prendre en charge, dans une société où l’autonomie et l’individualisme sont des valeurs hautement prisées.

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No future

Un personnage de roman à l’unisson du désenchantement social, c’est ainsi que se présente le héros de « Sérotonine »[1], le dernier livre de Michel Houellebecq. Portrait d’un homme désabusé, désespéré, nostalgique des amours perdus, aux prises avec un avenir barré, ce faux héros ferait la synthèse de l’homo capitaliste du début du XXI° siècle : angoissé et déprimé de vivre dans un monde d’incertitudes. Car l’environnement qu’il décrit est aussi désenchanteur et désenchanté que lui-même : monde d’inquiétudes et d’angoisses sociales, économiques, politiques, replié sur lui même et haineux. Les colères ne semblent plus pouvoir le sauver.

Seule la vie amoureuse apporterait de la joie à cette vie sans saveur, mais pour celui-là qui nous est conté tout est définitivement trop tard.

De cette peinture d’une époque, d’une société inquiète et désenchantée, le lecteur en reconnaîtra la familiarité : c’est sans doute cela qui dérange dans les romans de Houellebecq, cette manière trop précise, trop crue, de nous narrer notre environnement. Nous pourrions oublier trop vite que la littérature n’engage que son auteur. Le personnage et son cadre ne sont que pure fiction, mais comme toute fiction elle puise ses sources dans le réel.

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Vision du monde

La psychanalyse prétend-elle avoir une vision du monde ?

Freud s’exprime sur le sujet dans un texte de 1932 intitulé « Sur une Weltanschauung », terme allemand décrété intraduisible, mais qui approche la notion de vision du monde. Voilà ce que Freud en dit : « Je pense donc qu’une Weltanschauung est une construction intellectuelle qui résout, de façon homogène, tous les problèmes de notre existence à partir d’une hypothèse qui commande le tout, où, par conséquent aucun problème ne reste ouvert, et où tout ce à quoi nous nous intéressons trouve sa place déterminée »[1].

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Mots de haine

Nous pouvons constater l’utilisation très fréquente de mots injurieux, haineux dans le langage courant, parfois accompagnés lorsque le message est écrit, d’un acronyme modérant le propos comme LOL ou MDR.

L’utilisation de mots, la création d’un nouveau vocabulaire dit quelque chose d’une époque.

Vincent Cassel dans « la haine » de Matthieu Kassovitz

Nous devrions nous méfier de la force des mots, du langage que nous utilisons. L’appauvrissement du vocabulaire à notre disposition appauvrit la pensée. L’utilisation courante d’un vocabulaire haineux, violent, sans nuances est le signe avant coureur d’un agir violent. La haine est un affect constitutif de l’être humain au même titre que l’amour mais succombe à un refoulement : c’est-à-dire une sorte d’oubli psychique consécutif du sentiment de culpabilité engendré par les conséquences prévisibles de la haine. La haine mise en mots est un signe d’une levée de ce refoulement.

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Les bienfaits du chaos

L’air du temps n’est pas à l’apologie du chaos. La proximité d’événements que l’on

les bienfaits du chaos
les bienfaits du chaos

pourrait qualifier de chaotiques n’incite pas à en décrire les bienfaits. Néanmoins, si nous voulions prendre un peu de recul, nous pourrions voir dans l’injonction faite de maîtrise (de soi-même, des autres, de la nature) une cause des déchaînements chaotiques de notre monde.

Mais avant cela, revenons à nous-mêmes.

Il ne s’agit pas ici d’inciter au chaos, à la démesure, à la violence mais bien plutôt de tenter d’en comprendre une origine inconsciente. Nous pourrions voir dans l’idée du chaos une proximité avec l’état de notre inconscient : pulsionnel, débridé, amoral, insensé. Notre civilisation occidentale et particulièrement française est imprégnée de cartésianisme : nous gardons foi dans la Raison et dans la volonté de « devenir maître et possesseur de la nature. » Cependant, bien qu’étant des êtres de raison, nous sommes également des êtres déraisonnables et irrationnels. A vouloir tout maîtriser de nous-mêmes, nous renvoyons au fond de notre esprit ce qui nous dérange. En un mot : nous procédons à un refoulement.

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Mentir

Il y a deux façons de mentir : mentir par omission c’est-à-dire ne pas dire ce que l’on sait d’un fait qui concerne l’autre, et mentir par déformation, en déformant délibérément la réalité pour ne pas dire ce que l’on sait. Les deux formes sont proches et se croisent puisque pour ne pas dire ce qu’il sait, le menteur est bien souvent amené à déformer la vérité.

Dans les deux cas, mentir a à voir avec le fait de dire.

Il existe de nombreuses sortes de mensonges, dont ceux que l’on pourrait nommer « fondateurs » en ce qu’ils ont trait aux événements fondateurs d’une vie : la filiation, la naissance, la mort, les liens de sang, ces moments qui engagent le corps, ces temps forts d’une vie où le psychique se noue à sa charpente corporelle.

Ces mensonges cachent une vérité fondamentale à celui qui est trompé, une vérité qui touche aux fondements de son être.

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Trace et inconscient

Neural Connections In the Human Brain - bigthink.com
Neural Connections In the Human Brain – bigthink.com

Une série de conférences organisées  en 2008 au Collège de France sur le thème « neurosciences et psychanalyse » a donné lieu à publication.

Il est remarquable que des chercheurs s’inscrivant dans des approches aussi différentes aient eu la volonté de se parler et se comprendre sans se vilipender ou se mépriser.

Il résulte de ces recherches et discussions que les deux disciplines ne s’excluent pas entièrement alors même que leur objet d’étude ne se recouvre pas.

Le postulat à l’origine de leur rencontre est que le lien entre fait biologique et fait psychique n’est pas si simple !

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Debout !

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Un murmure bruisse dans l’air du temps. Il devient insistant : l’horizontalité plutôt que la verticalité. Le mouvement « NuitDebout » en est un exemple : « Debout !» mais avec l’envie d’être avec les autres, en liens.

L’horizontalité, ça nous connaît, nous analystes. Il nous arrive souvent de proposer à ceux qui viennent nous voir de s’allonger pour parler. Ce n’est pas chose facile d’accepter de « se coucher ». Et pourquoi le faire ?

Nous savons par expérience, que s’allonger sur le divan, c’est retrouver ou trouver un espace-temps, dans la solitude de son for intérieur. Tout le monde ne peut pas ou ne veut pas s’y soumettre ; se soumettre à la proposition de laisser son esprit se détacher d’une certaine maîtrise de la raison, en présence d’un autre.

Il ne s’agit pas de méditer, allongé sur le divan. Il s’agit de parler, de trouver des mots pour dire ce qui ne trouve pas à se dire. Ces mots ont une adresse invisible : l’analyste présent est attentif à ce qui se dit ou aux silences, car dans ces creux, ces mots, se loge l’inconscient.

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Editorial – Janvier 2016

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Ce blog se veut une vitrine d’une psychanalyse contemporaine, actuelle, vivante et en mouvement.

La psychanalyse est née au tournant du XIX° et du XX° siècle du fait d’un homme, Freud, qui a su entendre combien le monde conservateur dans lequel lui-même et ses patients vivaient, pouvait les affecter. La psychanalyse est toujours de son temps, elle n’a pas vocation à s’immobiliser dans une doctrine établie.

Le monde actuel connaît une évolution rapide et brutale, ce qui n’exclut pas de pouvoir le penser sans le rejeter ni prôner un retour en arrière. Notre époque est marquée par des évolutions technologiques et scientifiques sans précédent, mais qui ne remettent pas en cause l’existence de l’inconscient et de ses manifestations. Les découvertes de la psychanalyse il y a cent ans, font partie de notre savoir commun au XXI° siècle.

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Humaine Psychanalyse

Il y a presque un siècle (en 1926) Freud publiait un petit livre pour défendre la pratique thérapeutique dont il était l’inventeur. A relire aujourd’hui « La question de l’analyse profane » on en mesure toute la fraicheur, la pertinence et l’actualité. Ecrit parce qu’un de ses condisciples se voyait menacé de poursuites pour exercice illégal de la médecine, le livre apparaît comme un argumentaire précis et concis de la psychanalyse. On y revisite l’essentiel des concepts freudiens, petite mise au point efficace pour les néophytes et les autres…

unknownCertes, la psychanalyse est une thérapeutique, mais pour autant doit-elle être mise au même rang que les antidépresseurs et les neuroleptiques, les méthodes de rééducation cognitive, ou les reprogrammations neurologiques ? Car la psychanalyse est bien autre chose qu’un soin, elle a à voir avec la vie, l’existence humaine dans son ensemble, pas seulement celle du corps.

Aussi son exercice peut-il à juste titre être librement accessible, et non réservé à l’usage des seuls médecins, comme le revendiquaient certains gardiens de l’ordre établi.

Mais la psychanalyse garde-t-elle aujourd’hui de son impertinence, ou bien s’est-elle rangée des voitures, ravalée au rang d’un simple acte de soin psychologique ?

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