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Un Psy dans la ville
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humanisme

Place au féminin

Le 10 avril dernier une quinzaine de femmes, écrivaines, scientifiques, philosophes, et autres, de différentes nationalités européennes, publiaient dans le journal Le Monde une tribune en forme de lettre ouverte aux gouvernants et gouvernements d’Europe. C’était un appel, ou plutôt une exigence, de laisser enfin la place à des valeurs de solidarité, de responsabilité partagée, et d’humanisme. Elles rappellent qu’il est indispensable de mettre la personne au centre de la vie publique, de faire en sorte que l’économie soit au service des personnes, et non l’inverse. « Il faut remettre d’urgence la personne humaine au centre du logiciel », nous dit la psychanalyste Julia Kristeva dans une interview sur une chaîne de télévision.

Verra-t-on enfin la revanche du Care,  c’est-à-dire d’une société de l’empathie, qui prenne en compte les autres, qui développe l’attention aux autres, non pas comme un énième produit marchand, ou un truc de dames patronnesses, mais comme un principe de vie ensemble.

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La vie, après…

Nous avions perdu la mémoire de la peste et du choléra. Dans l’intimité de nos corps, celle-ci vient de se rappeler à nous, venue du fond des âges, d’un passé que nous avions cru révolu à jamais. La pandémie nous rappelle que l’humanité n’est sans doute pas éternelle et que son occupation de la planète Terre est temporaire. Nous avons été pris dans une forme d’


hallucination collective négative qui nous a fait oublier le caractère mortel et transitoire de notre condition humaine. Si ce virus est capable de nous faire recouvrer cette mémoire, alors son passage aura des effets puissants, en particulier celui de nous rendre à l’humilité, et à l’humanité.

L’humanité est aux prises avec le vivant, non pas en guerre, mais en lutte pour sa survie. Ce qui est mobilisé dans ce combat est la pulsion de vie, celle que Freud a nommée en premier comme pulsion d’auto-conservation (de l’espèce humaine). L’angoisse devant la pandémie n’est ni plus ni moins qu’une angoisse devant le risque de disparition de notre espèce. Il ne fait plus de doute qu’elle est menacée durablement et gravement par les effets délétères des dégradations de l’environnement. Il y a à cet endroit-là un formidable déni.

Comment en effet penser que nous serions responsables collectivement de notre propre disparition, si ce n’est en convoquant une nouvelle fois ce que la psychanalyse, avec Freud, a conceptualisé sous le terme de pulsion de mort. 

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Les désensibilisés

La violence, celle des Dieux, de la nature, comme la violence humaine, ont de tout temps été représentées par les hommes, soit sous forme d’images fixes comme la peinture et la sculpture, soit dans le discours, avec la littérature, le théâtre. Cette fixité première des images empêchait toute confusion avec la réalité. A la fin du XIXème siècle, avec l’invention du cinéma, la projection d’images animées suscite tout d’abord un mouvement d’effroi tant elles paraissent réelles, et sèment la panique chez les spectateurs.

Les moyens techniques actuels permettent que des images soient diffusées dès l’instant de leur prise de vue, et ce à l’échelle mondiale. Et le spectateur doit se demander si ce qu’il voit est bien réel, tout en subissant une distorsion de sa perception de l’espace et du temps. La diffusion mondiale et en direct des  images des attentats  du 11 septembre 2001 est le point de départ d’un vacillement collectif et individuel : que nous montrent les images ? Réalité ou imaginaire ? Vrai ou faux ?

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Démesure

Les hasards d’un voyage aux confins de l’Arabie m’ont donné l’occasion de faire escale à Dubaï et d’une brève, mais néanmoins intense, visite de cette métropole qui présente tous les signes de la démesure. Il n’en fallait pas moins pour interpeller la psychanalyste qui s’assoupissait au sein de la voyageuse.

Démesure – © MPSD

Dubaï, destination de rêve pour certains, vaste terrain de commerce et d’affaires pour d’autres, incrédulité pour le psy qui ne peut s’empêcher de s’interroger sur le sens de ce Disneyland gigantesque, et sur l’âme de ceux qui l’habitent.

Ce royaume du paraître et du consommable, véritable temple dédié au narcissisme de masse, serait conçu pour le bonheur, la satisfaction de tous les manques. Ici, dans des centres commerciaux géants où sont réunies toutes les marques du monde, tout peut être acheté, consommé.

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Psychanalyse et humanisme

unknown-2« Je suis presque le seul à enseigner une doctrine qui permettrait au moins de conserver à l’ensemble du mouvement son enracinement dans la grande tradition : celle pour laquelle l’homme ne saurait jamais être réduit à un objet ».
Lettre de Jacques Lacan lettre à son frère Marc le 5 septembre 1953.

Il est important dans notre monde contemporain de pouvoir affirmer que la psychanalyse se situe dans un courant de pensée humaniste. Encore faut il se mettre d’accord sur la définition de l’humanisme.
Il s’agirait d’un humanisme qui met l’humain au centre, mais avec une nouvelle idée de l’humain qui se distingue de celle du 16ème, 17ème siècle, voir du 19ème siècle. Ce n’est plus l’homme cartésien, qui croit qu’il est là où il pense.
L’invention de la psychanalyse a bouleversé l’idée de l’homme. Elle l’a bouleversé car elle a démontré que le moi cartésien était une illusion. L’humanisme à laquelle la psychanalyse pourrait se référer tient compte de ces avancées.
La psychanalyse prend le parti du sujet. De ce sujet qui ne se confond pas avec le sujet du cogito cartésien. Elle tient compte dans le sujet de ce qui lui échappe. Elle affirme que le savoir sur sa souffrance est du côté du sujet, même s’il l’ignore dans un premier temps. Ce nouvel humanisme peut prendre en compte la conception de l’homme pris dans les lois du langage, de la division du sujet, du sexuel, du manque. Ce n’est pas antinomique et surtout c’est indispensable et urgent car ce qui se trame aujourd’hui est aux antipodes de la prise en considération de l’humain, du sujet de la psychanalyse.
Le transhumanisme notamment utilise le terme d’humanisme en le dévoyant ou plus exactement on peut considérer que le transhumanisme était en germe avec l’idée de l’humanisme du 18ème siècle. La croyance dans le progrès, l’idée que l’homme peut tout, est un tout, subvertit un humanisme qui met l’homme au centre de tout. Mais qui sait que l’homme n’est pas un tout.
La conception de l’homme par la psychanalyse est à l’inverse de la conception de l’homme-machine des transhumanistes. Pour en revenir à la citation de Lacan, la psychanalyse est une thérapeutique, certes, mais elle est une thérapeutique qui a pour objet : un sujet qui ne se réduit pas à un objet.
La psychanalyse ne vise pas à l’adaptation de l’homme à la société, elle ne vise pas le bonheur, elle n’est pas orthopédique ni normative. Elle ne prend en considération que le sujet dans sa complexité, dans ses liens au langage qui le fonde.
Même si la conception de l’homme a radicalement changé avec la découverte de l’inconscient, la psychanalyse s’inscrit dans un humanisme contemporain.
Il est important de le dire afin de se démarquer de toutes les nouvelles formes de psychologie. La psychanalyse n’est pas une psychologie qui fait de l’homme un objet à réparer ou à reconditionner.

Béatrice Dulck

Transhumanisme

doigtsLe premier colloque international sur le transhumanisme s’est tenu à Paris le  20 novembre 2013.

Ce que dit la philosophie transhumaniste  : les progrès technologiques vont permettre de donner naissance à une nouvelle catégorie d’Homme, les hommes « augmentés » avec pour visée l’immortalité. Il s’agit donc de préparer la venue d’une nouvelle catégorie humaine, qui pourra se régénérer par le biais des Nanotechnologies, des Biotechnologies et par l’Intelligence Artificielle. Il ne s’agit plus de science fiction mais de science en marche.

Un des théoriciens du transhumanisme, Raymond Kurtzweil, ancien professeur au MIT, créateur de plusieurs entreprises High Tech est aujourd’hui directeur de l’ingénierie chez Google.

Des Think Tank un peu partout dans le monde se mettent en place pour réfléchir aux aspects éthiques, économiques, juridiques, moraux, philosophiques des avancées fulgurantes des NBIC : Nano-Bio-Intelligence-C

Psychanalystes, nous souhaitons ouvrir un groupe de travail inter-disciplinaire afin de réfléchir ensemble à ces nouvelles données du futur, maintenant proche, qui peuvent bouleverser l’humanité telle qu’on la connaît encore aujourd’hui.