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Un Psy dans la ville
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Freud

Guerre et illusion

A l’heure de l’évènement littéraire que représente la publication de « Guerre » de Céline, texte retrouvé et mémoire d’une guerre que l’on a dit Grande et pensé dernière, une autre guerre nous menace. Pourquoi de nouveau une guerre, pourrait-on se dire ? Aurions-nous oublié qu’elle est inhérente à l’humanité, qu’elle l’occupe sans discontinuité ? Pendant des décennies elle a œuvré loin de notre univers occidentalo-centré et la voici qui revient en Europe, là, tout près.

Le monde occidental se croyait en paix pour toujours, à l’instar de celui qui a précédé la première guerre mondiale, période d’une grande richesse intellectuelle, technologique, artistique, économique. Le temps d’une guerre et d’une pandémie (la grippe espagnole), ce monde d’hier que décrivait Stephan Zweig, a disparu. Une autre pandémie, puis une guerre dont on imagine qu’elle ne fait que commencer, auront-elles raison de notre monde ?

En 1915, Freud écrivait : « Et voilà que la guerre, à laquelle nous ne voulions pas croire, fit éruption et apporta la … désillusion ». L’illusion est d’oublier que l’être humain est par essence ambivalent, il est bon ET mauvais, et il est soumis à des pulsions ambivalentes : celles de vie et celles de mort. Mais l’illusion est aussi indispensable et se révèle comme le ressort de la créativité. Freud était fondamentalement pessimiste sur la nature humaine et sa conception du monde s’en ressent. Quelques années après Freud, Winnicott, d’un tempérament plus optimiste, voit dans l’illusion un phénomène indispensable dans la construction d’un espace de créativité.

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Dialogues nécessaires

Le 23 septembre 1939, il y a juste 80 ans, Freud mourrait à Londres. Cet anniversaire a suscité articles et émissions dans un certain nombre de média, dont des journaux dans lesquels nous ne sommes pas habitués à lire des propos sur la psychanalyse, comme Les Échos ou La Vie. Que de tels média s’emparent eux aussi de l’anniversaire de la mort de Freud pour écrire sur la psychanalyse est en soi un petit « évènement ». Il signe que la psychanalyse, dont la rumeur de disparition va toujours croissant, est bien toujours vivante et sans doute, comme le souligne l’article de La Croix, fait-elle partie aujourd’hui de notre « inconscient » collectif.

L’existence de l’inconscient fait partie de notre savoir collectif, elle est même admise comme une évidence ; n’étant plus l’apanage d’un savoir réservé aux seuls psychanalystes, l’inconscient perd de sa nature d’inaccessibilité pour devenir un inconscient « conscient ».

La question qui se pose pour la psychanalyse aujourd’hui serait plutôt celle de son ouverture à d’autres domaines,

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Vision du monde

La psychanalyse prétend-elle avoir une vision du monde ?

Freud s’exprime sur le sujet dans un texte de 1932 intitulé « Sur une Weltanschauung », terme allemand décrété intraduisible, mais qui approche la notion de vision du monde. Voilà ce que Freud en dit : « Je pense donc qu’une Weltanschauung est une construction intellectuelle qui résout, de façon homogène, tous les problèmes de notre existence à partir d’une hypothèse qui commande le tout, où, par conséquent aucun problème ne reste ouvert, et où tout ce à quoi nous nous intéressons trouve sa place déterminée »[1].

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Questions sur le féminin

« Le féminin toujours en question » écrivions-nous il y a quelques semaines. Le féminin questionné fait le sujet d’une pièce de théâtre[1], écrite en 1870 par Villiers de l’Isle Adam, et jouée ce printemps sur une scène parisienne.Questions sur le féminin

Elisabeth, jeune femme bourgeoise, assiste efficacement son mari dans la gestion de ses affaires et de sa fortune, manifestement plus intelligente et douée que lui. Un soir, après avoir mis de l’ordre dans les comptes, elle lui annonce qu’elle s’en va. Elle veut vivre autrement, elle veut avoir du temps pour rêver, pour contempler, et sans doute aussi pour penser. Ainsi par sa révolte contre l’ordre bourgeois, masculin, capitaliste et consumériste, elle ouvre l’espace de l’intime, de l’idéal, du combat pour vivre par soi-même, exister comme sujet.

Cette héroïne n’est pas sans rappeler quelques autres,

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Freud en son divan

Pour voir le célèbre sofa recouvert d’indiennes et de cachemires, le voyage à Londres sera nécessaire. L’on s’acheminera patiemment vers le très chic quartier de Hampstead. Après avoir emprunté deux ou trois lignes de bus, juché sur l’impériale comme il se doit pour un touriste, notre patience sera récompensée : loin du centre ville bruyant, les demeures en briques rouges, leurs jardins verdoyants, l’aisance tranquille de leurs habitants, nous enchanteront.

Divan de Freud
Photo MPSD

La maison où Freud vint mourir, n’a rien à envier à ses voisines : pelouse grasse, rosiers généreux, hydrangeas florissants. Comme si nous étions le voisin, ou le facteur, ou un vieux patient, nous sonnons. Le bonhomme qui nous ouvre, n’a rien d’un descendant des disciples de Freud, ni d’un psychanalyste, juste un vieux gardien revêche. Malgré notre anglais de base, certes not fluent, mais ayant fait ses preuves dans d’autres musées britanniques, nous ne nous comprenons pas. Aussi, en l’absence de mode d’emploi de ladite maison, nous nous surprenons à en entreprendre la visite sans passer par la case billetterie…

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Humaine Psychanalyse

Il y a presque un siècle (en 1926) Freud publiait un petit livre pour défendre la pratique thérapeutique dont il était l’inventeur. A relire aujourd’hui « La question de l’analyse profane » on en mesure toute la fraicheur, la pertinence et l’actualité. Ecrit parce qu’un de ses condisciples se voyait menacé de poursuites pour exercice illégal de la médecine, le livre apparaît comme un argumentaire précis et concis de la psychanalyse. On y revisite l’essentiel des concepts freudiens, petite mise au point efficace pour les néophytes et les autres…

unknownCertes, la psychanalyse est une thérapeutique, mais pour autant doit-elle être mise au même rang que les antidépresseurs et les neuroleptiques, les méthodes de rééducation cognitive, ou les reprogrammations neurologiques ? Car la psychanalyse est bien autre chose qu’un soin, elle a à voir avec la vie, l’existence humaine dans son ensemble, pas seulement celle du corps.

Aussi son exercice peut-il à juste titre être librement accessible, et non réservé à l’usage des seuls médecins, comme le revendiquaient certains gardiens de l’ordre établi.

Mais la psychanalyse garde-t-elle aujourd’hui de son impertinence, ou bien s’est-elle rangée des voitures, ravalée au rang d’un simple acte de soin psychologique ?

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