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Un Psy dans la ville
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Adolescente en questions

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L’adolescence est une période de la vie faite d’incertitudes, de grandes déceptions, de frustrations, mais aussi d’exaltations, de grands combats, d’intransigeance ; pour les garçons comme pour les filles.

Cette période de la vie à notre époque s’allonge dans le temps et maintient ces jeunes dans une post-adolescence inconfortable. Certains, peu nombreux, sont attirés par les discours de Daesh et risquent de se fanatiser. A rebours des discours islamophobes, généralisants, Dounia Bouzar[1] insiste dans ses travaux pour dire que les jeunes dont elle s’occupe viennent de tous les milieux sociaux et de toutes les origines.

Ces questions ne sont peut être pas suffisamment entendues, relayées.

Qu’est ce qui, dans le discours de Daesh, touche plus précisément les adolescents et en particulier les adolescentes?

Cette question interroge la place, l’image des femmes dans notre monde occidental et renvoie à la question du passage de l’adolescente vers sa féminité. Le chemin est-il si difficile aujourd’hui pour certaines jeunes filles qu’elles préfèrent céder leur liberté  ?

Il est vrai que certaines sont confrontées à des difficultés que leurs mères n’ont pas connues ; une hyper sexualisation, un harcèlement dans leur collège, un déchainement de violence verbale. Ce sont des symptômes annonciateurs d’une dégradation de l’image de la femme qui n’ont pas été pris au sérieux ou dont on a ignoré les conséquences sociales et psychiques.

Comment une jeune fille peut-elle trouver le chemin délicat d’une féminité assumée dans un contexte de violence généralisée et banalisé vis à vis de la féminité ? C’est à ce moment là que la famille doit tenir son rôle. Malheureusement, toutes ne peuvent trouver en son sein une image, un reflet qui tienne. Leurs propres mères se sont heurtées à d’autres difficultés : une compétition exacerbée avec les hommes, une égalité de droits qui ne vient pas, des hommes qui ne cèdent pas leur place, etc…

Ainsi certaines, plus fragiles que d’autres, ne peuvent exprimer leur difficulté face à ces questions qu’au travers de l’adhésion à un Idéal qui convoque la figure d’un Autre consistant et interdicteur. Dans le discours de Daesh, la place de la femme est clairement inégalitaire, ce qui a le mérite de la clarté. Pourquoi être attirée par un tel discours ? Parce qu’il contient, rassure. La place promise est idéalisée, valorisée. Ce n’est pas le cas aujourd’hui de la place de la femme dans le monde occidental. Les conquêtes sont remises en question. Alors quand il n’y a plus d’idéal, quand il n’y a plus de limites qui tiennent, il se crée un espace vide et non un espace de possibilités. L’air du temps peut faire penser que plus rien n’est possible : avancer vers une égalité de droits, trouver du travail, trouver un partenaire qui tient, trouver sa voie…

Le blocage perçu renvoie à un vide mortifère qui peut être rempli par un discours fanatique qui exacerbe les passions et donne une illusion de vie alors que c’est vers la mort qu’on s’achemine : mort réelle ou mort psychique. Même si l’idéal ou les idéaux sont illusoires, ils sont préférables à un vide qu’un fanatisme viendrait combler.

Pour pouvoir être vivable, la vie doit s’accompagner d’espoir, de possibilités, de choix, donc d’impossibilités acceptées. Elle n’est pas supportable quand elle rime avec de l’inconsistance et du vide.

« Le progrès d’une civilisation se mesure à la place réservée aux femmes » – Charles Fourier.

Béatrice Dulck

[1] Dounia Bouzar a été pionnière dans la prise en charge des jeunes « radicalisés ». Elle a écrit de nombreux ouvrages traitant de cette question.

adolescence, amour, violence

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