Skip to main content
Un Psy dans la ville
Unpsydanslaville

Mois : juillet 2016

Splendeur et misère de la cool attitude

CastafioreNous ne sommes pas les premiers à le dire : la tyrannie du bonheur sévit. L’euphorie perpétuelle empêche les âmes de s’adonner à leur plaisir favori : l’égarement. La course aux objets de consommation, ou pour le dire moins poliment, la fringale de cool toys, empêche l’inclinaison mélancolique.

Le cool toy, qu’est-ce que c’est ? C’est tout ce qui rend la vie plus simple, plus sexy, plus sympa, et qui l’évide de sa substance complexe, souffrante, mortifiante. Des siècles de littérature romanesque sont ainsi court-circuités par quelques mots-clés sur une application, par un smiley sourire sur un réseau social, par un tweet laconique, voire lapidaire. Tout se passe comme si nos inconscients avaient délibérément opté pour une simplification du monde, dans un renoncement face à l’abysse de l’énigme humaine. – Allo, le monde ? Je me suis tapé douze ans d’analyse, je ne vais toujours pas mieux. Donc, aujourd’hui, exit ma psy mutique qui tripotait son collier de perles derrière moi ! Je veux de la TCC, de la bonne, de la vraie ! Je veux du conseil pour plus flipper le soir quand je rentre en scooter d’Argenteuil. Je veux du coaching pour apprendre à pas chialer comme une madeleine quand je vais au ciné voir le dernier Di Caprio. Et, dans l’idéal, je voudrais faire un gosse avant quarante ans si mon agenda book me le permet.

Lire la suite

Freud en son divan

Pour voir le célèbre sofa recouvert d’indiennes et de cachemires, le voyage à Londres sera nécessaire. L’on s’acheminera patiemment vers le très chic quartier de Hampstead. Après avoir emprunté deux ou trois lignes de bus, juché sur l’impériale comme il se doit pour un touriste, notre patience sera récompensée : loin du centre ville bruyant, les demeures en briques rouges, leurs jardins verdoyants, l’aisance tranquille de leurs habitants, nous enchanteront.

Divan de Freud
Photo MPSD

La maison où Freud vint mourir, n’a rien à envier à ses voisines : pelouse grasse, rosiers généreux, hydrangeas florissants. Comme si nous étions le voisin, ou le facteur, ou un vieux patient, nous sonnons. Le bonhomme qui nous ouvre, n’a rien d’un descendant des disciples de Freud, ni d’un psychanalyste, juste un vieux gardien revêche. Malgré notre anglais de base, certes not fluent, mais ayant fait ses preuves dans d’autres musées britanniques, nous ne nous comprenons pas. Aussi, en l’absence de mode d’emploi de ladite maison, nous nous surprenons à en entreprendre la visite sans passer par la case billetterie…

Lire la suite

Vivre en poésie en attendant Bojangles

coquelicot-1

Vivre avec la poésie, c’est s’émouvoir d’un paysage, de l’éclosion d’une fleur, d’un chant d’oiseau, d’un souffle de vent, de la course d’un ruisseau, du rire d’un enfant ; Dire, Écrire, penser, mettre délicatement ou rageusement en mots ces surgissements du quotidien. Les mots ont cette fonction d’approcher au plus près le subtil, l’insaisissable de l’instant, d’arrêter une sensation. Avec les mots, nous nous approchons de quelque chose qui tout en même temps nous échappe à l’instant même ; parce que le mot fige la sensation. Mettre en mots le vécu, le ressenti, c’est aussi irrémédiablement y mettre une distance, l’appauvrir en le définissant, et laisser s’échapper ce que la poésie a d’insaisissable.

Car la poésie n’est qu’œuvre de mots.

Lire la suite