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Un Psy dans la ville
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Mois : mai 2016

Mémoire de fille

Dans une cure, le récit de l’analysant vient dire ce que ce dernier a été un jour, enfant, adolescent, jeune adulte… La parole au présent nomme le passé non pour le faire revivre, mais pour se défaire de liens qui emprisonnent et confinent le narrateur dans sa nostalgie. Lorsque l’écrivain fait usage de l’écriture pour revenir sur un passé qui éclaire le présent, sa démarche interpelle le psychanalyste par ses similitudes.

Mémoire de fille
Collection personnelle – MPSD

En littérature, les souvenirs donnent souvent matière à un écrit romanesque. Dans le dernier livre de Annie Ernaux, « Mémoire de fille », ce passé semble convoqué comme prétexte.

L’auteur nous livre une œuvre construite autour de son histoire personnelle, mais qui ne saurait être une simple œuvre auto-biographique. Dans tous ses livres, l’histoire singulière rencontre une histoire collective, dans laquelle les mémoires s’enchevêtrent. Dans le dernier, il est aussi question de la temporalité.

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Abstention

A un an des élections présidentielles en France, la campagne électorale commence. Des candidats se prononcent, certains se réservent, d’autres sont peut-être encore dans l’ombre. Tous vont dans les mois qui viennent défendre un projet, un idéal pour notre société, dans le but de fédérer autour de celui-ci et rallier un maximum d’électeurs à eux.

Mais quel pourcentage des électeurs iront voter ? abstention

Le grand vainqueur des élections européennes, présidentielles, régionales, cantonales, syndicales, c’est l’abstention. Elle augmente inexorablement et progressivement, déjouant les sondages auxquels elle échappe; non candidate et pourtant victorieuse de toute forme d’élection par une masse d’un délégataire du pouvoir à une fonction de représentation.

Que penser de l’abstention ? Peut-on la situer comme l’expression à l’échelle sociétale d’une modification profonde du lien à l’autre ?

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Debout !

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Un murmure bruisse dans l’air du temps. Il devient insistant : l’horizontalité plutôt que la verticalité. Le mouvement « NuitDebout » en est un exemple : « Debout !» mais avec l’envie d’être avec les autres, en liens.

L’horizontalité, ça nous connaît, nous analystes. Il nous arrive souvent de proposer à ceux qui viennent nous voir de s’allonger pour parler. Ce n’est pas chose facile d’accepter de « se coucher ». Et pourquoi le faire ?

Nous savons par expérience, que s’allonger sur le divan, c’est retrouver ou trouver un espace-temps, dans la solitude de son for intérieur. Tout le monde ne peut pas ou ne veut pas s’y soumettre ; se soumettre à la proposition de laisser son esprit se détacher d’une certaine maîtrise de la raison, en présence d’un autre.

Il ne s’agit pas de méditer, allongé sur le divan. Il s’agit de parler, de trouver des mots pour dire ce qui ne trouve pas à se dire. Ces mots ont une adresse invisible : l’analyste présent est attentif à ce qui se dit ou aux silences, car dans ces creux, ces mots, se loge l’inconscient.

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Le personnage

En analyse, dans le temps de la séance, l’horizontalité du divan, se déploie une parole, se rassemblent les éléments d’une histoire, en adviennent d’autres jusqu’alors insoupçonnés, autant de souvenirs lointains qui affleurent à la mémoire et entrainent l’analysant à reconstituer la trame de son existence. Ainsi devient-il l’auteur d’un récit.

scène de théâtre
Odéon Théatre de l’Europe – Devillard

Mais d’un récit qui parle de qui ?

Inévitablement d’un certain nombre de personnes.

Parmi ces personnages, figures atemporelles, ou, au contraire éphémères, croisées au détour d’une situation, êtres d’importance variable, réels ou imaginés, fantasmés ou éprouvés, parmi ces silhouettes plus ou moins familières, il en est une qui occupera son récit plus que toute autre : son propre personnage.

Mais pour autant quel est ce personnage qui est moi et dont je parle en analyse ? S’agit-il de la personne que je suis actuellement, ou de cette autre que j’ai été, que je serais, que j’aurais pu être ? Personnage qui pourrait ne pas être tout à fait moi… ou personnage qui s’installe dans mon récit malgré moi, me destituant de la maîtrise du langage, venant parler par devers moi. Un personnage qui n’en ferait qu’à sa tête et ferait fi des directives de son metteur en scène.

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